EN FÉVRIER 2005 (« le Quotidien » du 15), l’InVS avait rendu publics les résultats préliminaires de l’enquête nationale des hépatites B et C, menée en France métropolitaine entre avril 2003 et avril 2004. Le rapport final publié cette semaine sur son site (invs.sante.fr) confirme les premières conclusions, notamment en ce qui concerne l’infection chronique par le VHB. La prévalence de l’antigène HBs observée en 2004 est de 0,65 %, au lieu des 0,2-0,4 % attendus, d’après les estimations proposées dans les années 1990, soit 280 821 personnes atteintes d’hépatite chronique. Parmi elles, seulement 45 % se savaient positives pour l’antigène HBs.
L’enquête menée par l’InVS, la Caisse nationale d’assurance-maladie des travailleurs salariés (Cnamts) et le Centre technique d’appui et de formation des centres d’examen de santé se situe dans un contexte où la stratégie vaccinale contre le VHB était peu suivie. Selon le calendrier, la vaccination est obligatoire pour les professionnels de santé et recommandée pour les personnes à haut risque de contamination, et pour tous les enfants avant 13 ans, en privilégiant la vaccination des nourrissons (à partir de 2 mois). En 2002, la couverture n’est que de 30 % (50 % chez les adolescents), stagnant depuis 1994-1995. Les estimations de 2004 apportent donc «des arguments rétrospectifs en faveur du choix de la stratégie de vaccination contre le virus de l’hépatiteB en France».
7,3 % de la population.
Le portage de l’antigène HBs est plus important chez les hommes que chez les femmes, surtout les 30-34 ans, alors qu’il est faible chez les 75-80 ans. Surtout, il est quatre fois plus élevé chez les bénéficiaires de la Cmuc (couverture maladie complémentaire) que chez les non-bénéficiaires. De même que l’effort en faveur de la vaccination, l’incitation au dépistage devrait être renforcée, notamment en direction des populations les plus à risque. L’enquête révèle que 7,3 % de la population métropolitaine française adulte a eu un contact antérieur avec le VHB, soit 3,1 millions de personnes. Les facteurs favorisants retrouvés sont l’usage de drogues par voie intraveineuse, l’homosexualité, la précarité, un niveau d’éducation inférieur au baccalauréat, un séjour d’au moins trois mois en institution, un pays de naissance où la prévalence de l’antigène HBs est supérieure à 2 % (Afrique subsaharienne), un lieu de résidence situé dans le quart Nord-Est, le Sud-Est ou l’Ile-de-France, le fait d’être un homme ou d’être âgé de plus de 29 ans.
«On ne peut parler d’une augmentation à proprement dit de la prévalence, mais plutôt d’une meilleure estimation de celle-ci en population générale», précisent les auteurs. C’est la première fois qu’on dispose d’une estimation nationale, puisque réalisée sur une population représentant 85 % de la population française (assurés sociaux de 18 à 80 ans).
Dans le cas du VHC, il s’agit de la deuxième enquête nationale de prévalence après celle réalisée en 1994. Depuis 1997, trois plans de lutte contre l’hépatite C ont été mis en oeuvre par la Direction générale de la santé (distribution du kit Stéribox auprès des usagers de drogues par voie intraveineuse, diffusion de recommandations pour la stérilisation du matériel médical réutilisable, recours à du matériel à usage unique, campagnes de sensibilisation au dépistage menées…). Un numéro gratuit d’information (Hépatites Info Service) est venu compléter le dispositif, et les missions des centres de dépistage anonyme et gratuit ont été étendues au dépistage de l’hépatite C, et celles de l’Anrs (Agence nationale de recherche sur le sida) à la recherche sur les hépatites (B et C). En 2002, le traitement des personnes infectées par le VHC a fait l’objet d’une conférence de consensus. L’enquête de 2004 visait notamment à mesurer l’impact de ces mesures, compte tenu des objectifs du programme national 1999-2002 : 75 % des sujets porteurs du VHC devaient avoir connaissance de leur statut sérologique en 2002 et 80 % des sujets pour qui un traitement est nécessaire devaient être traités.
Personnes en situation précaire.
Les résultats montrent que l’hépatite C demeure un problème pour les autorités de santé. La prévalence globale des anticorps anti-VHC est de 0,84 %, soit 367 055 personnes, dont 221 336 avec une hépatite chronique. Cette prévalence est plus élevée chez les femmes que chez les hommes. Elle est particulièrement importante en Ile-de-France et trois fois plus chez les personnes en situation précaire. Les facteurs de risque d’infection sont : l’usage de drogues par voie intraveineuse ou par voie nasale, une transfusion de sang réalisée avant 1992, un tatouage, un pays de naissance de prévalence élevée. Par rapport à 1994, le niveau de prévalence de la séropositivité anti-VHC semble stable. «Toutefois, la baisse observée chez les 20-29ans est en faveur d’une diminution de l’incidence de l’infection depuis dix ans chez les jeunes adultes», notent les auteurs. La diminution de 20 % de la prévalence de l’infection chronique semble être en rapport avec l’efficacité croissante de la thérapeutique. Quant à la connaissance du statut sérologique, si elle a plus que doublé en dix ans (56 % contre 24 %), elle reste inférieure à l’objectif. Les usagers de drogue par voie injectable et les transfusés avant 1992, personnes les plus visées par les campagnes d’incitation au dépistage, sont ceux qui connaissent le mieux leur statut. Là encore, l’effort de dépistage devra être renforcé.
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