Pourquoi les services de secours ont-ils mis une heure et quart à répondre aux appels réitérés d'un garçon de dix ans, qui tentait en vain de sauver son père, victime d'une crise cardiaque à son domicile de Sancerre, dans le Cher ?
Dans la nuit du 17 au 18 février, devant l'état préoccupant de son père, âgé de 40 ans, le garçon a une première fois composé le 18, qui aboutit au centre d'appels départemental des pompiers. Conformément à ce qui est prévu lorsque l'urgence survient sur un lieu privé, le centre 18 a mis en contact téléphonique l'enfant avec le centre 15, qui correspond au SAMU de Bourges. Celui-ci a alors basculé la ligne de l'enfant sur celle du médecin généraliste de garde et raccroché. Mais l'enfant aurait eu pour tout interlocuteur un répondeur téléphonique, sur lequel il n'aurait laissé ni son nom, ni son adresse. A ce stade, il semblerait que la procédure, qui prévoit un contre-appel du SAMU, afin de s'assurer auprès du médecin qu'il a bien reçu l'appel, n'aurait pas été respectée.
L'enfant aurait ensuite composé une ou deux fois le 18. Son père serait décédé au moment de son dernier appel.
Double enquête
Le SAMU, à nouveau joint par le centre 18, aurait cette fois immédiatement demandé aux pompiers de Sancerre de se déplacer, avant qu'une équipe du SMUR de Cosne-sur-Loire (Nièvre) ne le fasse pour constater le décès.
« A priori, la procédure a été conforme à la convention SAMU/SDIS* », indique Philippe Deschamps, directeur de cabinet du préfet. Parallèlement à l'autopsie qui a été demandée, la double enquête qui est en cours devrait permettre d'y voir clair : une enquête administrative diligentée par le préfet, ainsi qu'une enquête judiciaire ouverte par le procureur de la République de Bourges, à la suite de la plainte contre X, déposée par la fille aînée et majeure de la victime, qui réside à Cosne-sur-Loire, ont été en effet décidées. « Afin de gagner du temps, les médecins-inspecteurs de la direction départementale des Affaires sociales et sanitaires (DDASS) à qui nous avons fait appel travaillent en parfaite coordination avec l'équipe judiciaire », explique Philippe Deschamps. Leur tâche consiste à écouter les enregistrements des appels reçus et envoyés par les pompiers et le SAMU, en l'occurrence trois bandes : celle du SDIS (c'est-à-dire le centre opérateur des pompiers, à Bourges ; celle du SAMU de Bourges ; celle du SAMU de Cosne-sur-Loire. « C'est un travail de fourmi, commente Philippe Deschamps, car il faut chaque fois écouter une vacation entière, soit cinq heures de bandes ».
La préfecture espère être en mesure de fournir des éléments au cours de cette semaine. L'affaire soulève un vif débat au sein du département, où l'on s'interroge sur l'organisation des services d'urgence. Certains soulignent que les pompiers locaux sont plus à même de porter secours que le SAMU, lorsqu'il est situé à une distance de 45 kilomètres, comme c'est ici le cas. D'autres évoquent des rivalités possibles entre les SAMU de départements différents, le SMUR le plus proche de Sancerre (Cosne-sur-Loire, à 12 km) étant situé dans la Nièvre.
* Service départemental d'incendie et de secours.
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