Le décathlonien

Michel Yahiel a bien le profil à la mode chez les nouveaux dirigeants du pays. Éna 82, Inspection générale des affaires sociales, monsieur le conseiller Protection sociale, Travail et Emploi du président Hollande a été toujours fidèle aux questions de santé. Chez Georgina Dufoix, d'abord, au lendemain de la victoire de 1981, puis chez Jean-Louis Bianco et René Teulade comme directeur adjoint de cabinet puis directeur de cabinet, tous ministres des Affaires sociales et proches de François Mitterrand. Il dirigera ensuite un temps le cabinet de conseil de Bernard Bruhnes, un des principaux spécialistes de GRH, ancien conseiller social du Premier ministre Pierre Mauroy. Il y découvrira l’Europe, les affaires et les entreprises. Ce décathlonien du social comme il se définit lui-même, qui a dirigé aussi le Fonds d’action sociale, apparaît surtout comme un homme de synthèse entre l’économie et le social, la santé et l’emploi. Plus récemment, il sera auprès de Bertrand Delanoé, pendant sept ans, à la mairie de Paris, le DRH de la ville capitale. L’hôpital sera pour lui un sujet d’étude, notamment au travers d’un rapport sur les cadres hospitaliers et la gestion des RH qu’il mènera en 2010 avec Danielle Toupiller, la directrice du Centre national de gestion des hôpitaux. Il deviendra en dernière période, avant de rejoindre l’Élysée, le délégué général de l’Association des régions de France. Alors ce Parisien, fils unique d’un DRH de l’industrie pharmaceutique, sera-t- il le Soubie de la gauche et du président Hollande, comme le fut Raymond Soubie pour la droite ? L’habit est large, mais comme son illustre prédécesseur, l’homme a de l’influence et se veut moins arbitre qu’architecte, l’œil rivé avec son alter ego de Matignon, Christophe Devys sur les grands équilibres, le moyen terme et le dialogue social. Passionné d’histoire, élève des grands maîtres de Sciences-Po René Rémond, Jean-Pierre Azéma et Stanley Hoffmann, proche de Stéphane Hessel, de Pierre Racine et Étienne Burin des Roziers, hauts fonctionnaires de cœur, l’homme embrasse large, voit loin et n’aime, soyons en sûr, ni les ruptures, ni les transgressions. L’habit ne fait-il pas le moine ?