C HEZ les voyageurs qui traversent plusieurs fuseaux horaires, les adaptations des rythmes circadiens endogènes se font progressivement jusqu'à la synchronisation aux nouvelles normes. Les désynchronisations répétées entre les deux systèmes horaires (externe et endogène) sont génératrices de stress. Existe-t-il des altérations cognitives lors des troubles chroniques des rythmes circadiens, comme cela existe chez les personnes qui font fréquemment des voyages transméridiens ? Certaines constatations amènent à se poser la question. Ainsi en va-t-il de l'association d'une cortisolémie élevée de manière chronique à des déficits cognitifs, mise en regard d'études montrant, chez les personnels navigants, des taux de cortisol salivaire élevés après des expositions répétées au jet lag.
Le temps de récupération entre deux vols
Kwangwood Cho et coll. (Bristol) ont testé chez 20 femmes employées navigantes de compagnies aériennes internationales les effets à long terme du décalage horaire sur le volume du lobe temporal et sur les performances mnésiques dépendantes de l'hippocampe. Toutes étaient droitières et avaient au moins cinq ans de carrière derrière elles. Deux groupes ont été distingués en fonction des possibilités de récupération : moins de cinq jours entre les vols transméridiens avec au moins sept heures de décalage horaire et plus de quatorze jours entre les vols (les temps de vol étaient identiques dans les deux groupes).
Des IRM ont été réalisées pour mesurer le volume des lobes temporaux. Les membres du premier groupe (temps plus court entre deux vols transméridiens) présentent des structures temporales droites significativement réduites comparativement à ceux bénéficiant de périodes plus longues pour se recaler (p < 0,05).
Des échantillons de salive ont été collectés dans les douze heures suivant un vol transméridien et on a trouvé une relation significative entre le volume du lobe temporal droit et le taux de cortisol salivaire, mais seulement dans le premier groupe.
Les performances cognitives
On a demandé aux participantes de réaliser une tâche cognitive visuelle (repérage de motifs par indicateurs visuels, avec consigne de presser une touche à l'apparition de motifs indiqués). Au total, l'équipe ayant le temps de récupération le plus long montre de meilleures performances cognitives (p < 0,05).
Certains travaux ont montré qu'une diminution du volume de l'hippocampe est corrélée à un taux basal de cortisol élevé et que les déficits cognitifs hippocampiens sont associés au volume de cette structure. Une autre étude indique une altération de la mémoire spatiale en association à une diminution du volume du lobe temporal. Chez les humains, on sait que des détériorations des structures temporales et de l'hippocampe sont génératrices d'amnésie.
Les résultats de Kwangwood et coll. sont en faveur du respect d'une période de récupération suffisante après un décalage horaire, afin de maintenir l'intégrité du lobe temporal.
« Nature Neuroscience », vol. 4, n° 6, juin 2001.
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