Pour ou contre la vivisection

Le débat rebondit en Italie

Publié le 09/05/2012
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Crédit photo : DR

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CE N’EST POURTANT pas la première fois, que les activistes s’introduisent dans l’élevage de Green Hill. Mais c’est en revanche la première fois, qu’ils réussissent à prélever des chiots et à diffuser leurs photographies après « leur libération » sur Internet. Reprises par les télévisions italiennes et les médias du monde entier, ces images pour le moins attendrissantes, ont littéralement bouleversé les Transalpins. Et renforcer leurs convictions quant à la nécessité de fermer les élevages sur tout le territoire italien. Du coup, la nouvelle manifestation organisée mardi matin par les mouvements antivivisection devant les consulats italiens implantés aux quatre coins du monde a déjà la saveur d’un véritable succès.

L’idée des manifestants est aussi de faire pression sur les parlementaires italiens alors que le sénat doit se prononcer mercredi 9 mai sur un projet de loi concernant l’interdiction d’élever et d’importer des animaux destinés aux laboratoires. La semaine dernière d’ailleurs, une pétition signée par des dizaines de personnalités italiennes et cent mille Transalpins a été envoyée au Sénat.

En attendant la décision du Sénat, le mouvement anti Green Hill profite du soutien de personnalités scientifiques mondialement reconnues comme Umberto Veronesi cancérologue et ancien ministre de la Santé du gouvernement Prodi pour renforcer la mobilisation des Italiens. La chose est a priori facile. Selon une étude publiée l’été dernier par le Journal Officiel, 86 % des Transalpins sont contre la vivisection et les élevages d’animaux destinés aux laboratoires. Une partie de la classe politique actuelle nourrit des positions identiques. C’est le cas d’Adelfio Elio Cardinale, sous-secrétaire d’État à la Santé du gouvernement de Mario Monti. Après avoir mis en place une commission permanente chargée de promouvoir la culture zoophile et de rédiger des projets de loi pour défendre les animaux et l’environnement, Adelfio Elio Cardinale a pris position sur Green Hill. « Le gouvernement est favorable à la fermeture des élevages. Par ailleurs, le parlement qui se doit de respecter la volonté populaire, devra tenir compte de la position des Italiens sur Green Hill et la vivisection », a affirmé le sous-secrétaire d’État à la Santé mercredi dernier.

Quid des systèmes alternatifs.

Selon le Journal Officiel, le chiffre d’affaires réalisé par les élevages d’animaux destinés aux laboratoires tourne chaque année autour de 250 millions d’euros. Une somme qui devrait selon Umberto Veronesi, servir à financer la recherche de systèmes de alternatifs. Paradoxalement toutefois, ce cancérologue reconnaît que les tests effectués sur les animaux sont « pratiquement nécessaires sur la plupart des produits destinés à l’usage thérapeutique et qu’il est improbable en l’état actuel, de trouver un instrument alternatif pour permettre à la médecine de progresser ». Le son de cloche est plus net du côté de Silvio Garattini, chercheur et chirurgien cancérologue. « Qui aurait le courage de prescrire un médicament sans l’avoir auparavant tester sur un organisme vivant complexe et doté de fonctions de vie analogues à celles de l’homme ? C’est pour cette raison que l’expérimentation sur les animaux est obligatoire et indispensable dans les pays développés », estime Silvio Garattini. « Nous utilisons de moins en moins les animaux de laboratoire pour tester les produits pharmaceutiques », affirme pour sa part Massimo Scaccabarozzi, président de Farmindustria, l’association italienne des industries du médicament.

Chaque année, 2,6 millions d’animaux sont utilisés dans les laboratoires italiens pour tester entre autre, des produits pharmaceutiques et des cosmétiques ou encore les gaz utilisés dans les conflits. Pour les défenseurs de la vivisection, les tests sont effectués avec toutes les précautions imposées par la législation italienne, « l’une des plus sévères en la matière », soulignent Silvio Garattini et Umberto Veronesi. Elle prévoit en effet l’adoption de systèmes particuliers pour éviter à l’animal de souffrir, « l’organisme d’un animal qui souffre produisant des résultats inutilisables ». Un argument inacceptable pour les activistes qui montrent, photographies à l’appui, le regard terrorisé par la douleur et la peur d’un animal enfermé dans une cage.

 ARIEL F. DUMONT

Source : Le Quotidien du Médecin: 9123