Après quatre décennies d'utilisation, recommandé chez les plus de 65 ans dans quarante des cinquante et un pays développés et 290 millions de doses distribuées en 2003, le vaccin contre la grippe est surtout destiné à diminuer le risque de complication chez les plus fragiles. Deux groupes sont visés en priorité : les plus de 65 ans et ceux vivant en résidence.
Dans le « Lancet », T. Jefferson et coll. ont souhaité vérifier l'efficacité de la vaccination grippale, telle qu'elle apparaît dans les diverses études réalisées sur les populations cibles. Ils ont interrogé cinq bases de données électroniques, dénombré et analysé plus de cinquante études.
Il apparaît d'emblée que « l'efficacité du vaccin trivalent inactivé contre la grippe chez les sujets âgés est modeste », quel que soit le type d'étude pris en compte. Ils ont eu recours à nombre de comparaisons et de données pour réduire l'hétérogénéité entre les travaux. Malgré cet effort minutieux, les auteurs ont constaté de nombreux biais dans les études de cohorte.
Une mortalité réduite.
Chez les sujets âgés vivant en résidence, l'efficacité des vaccins contre les maladies mimant la grippe est de 23 % et non significative contre la grippe. En revanche, le vaccin réduit la mortalité toutes causes (efficacité : 60 %) et celles par grippe et pneumonie (efficacité: 42 %). Il prévient également les pneumonies (efficacité : 42 %) et les hospitalisations (efficacité : 45 %).
Pour les sujets vivant chez eux, le vaccin ne s'est pas montré significativement efficace contre la grippe, les infections y ressemblant aux pneumonies. Il réduit, en revanche, le risque d'hospitalisation pour grippe ou pneumonie ainsi que la mortalité toutes causes.
Les différences enregistrées entre les deux groupes peuvent résulter de différences dans leurs statuts au moment des études ; d'autres éléments de divergence ne peuvent être exclus, ajoutent les chercheurs. L'idéal serait de faire des études contrôlées menées contre placebo, « impossibles pour des raisons éthiques ».
Ces observations suggèrent que des efforts doivent se concentrer sur une bonne couverture vaccinale dans les résidences pour personnes âgées, en la couplant à son évaluation systématique. Un des moyens d'améliorer cette stratégie serait de vacciner les soignants afin de réduire les risques de transmission. Quoi qu'il en soit, concluent les auteurs, les buts de la vaccination dans les résidences sont partiellement atteints, puisqu'elle montre son efficacité contre les complications.
« Lancet », édition avancée en ligne, le 22 septembre 2005.
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