Le « crossover » bombe le torse

LORSQUE LE RAV 4 fit son apparition en France sous l'appellation Fun Cruiser, avant d'adopter son patronyme définitif, personne ne pensait qu'il susciterait autant de convoitises. Les faits sont pourtant là. Le « body guard » favori de nos compagnes continue de faire des émules.

Ces engins vaguement conçus pour les escapades « off road », communément appelés SUV et maintenant « crossover », font désormais partie intégrante du paysage automobile. N'en déplaise aux chasseurs de C02. En dix ans, ils se sont écartés de leur trajectoire initiale – le franchissement – pour surfer sur nos routes et déambuler dans les villes. À l'heure actuelle, pas moins de 18 constructeurs sont présents sur ce créneau toujours très porteur en dépit des « agressions » dont il est victime.

Les germes du succès.

Avec sa silhouette et son prix attrayants, le Kuga porte en lui les germes du succès. D'autant qu'il est livrable en transmission intégrale et en deux roues motrices, à l'instar de la plupart de ses concurrents asiatiques et européens. Un faux 4x4 ? Il y a quelques années, on riait sous cape de cette déclinaison contre-nature. Enfin conscients qu'un 4x4 ne servait pas à grand-chose en milieu urbain, les clients se sont progressivement tournés vers les 4x2, moins pénalisés en poids, donc moins gourmands et moins susceptibles d'être montrés du doigt.

L'apparence, l'agrément de conduite, la qualité perçue, les équipements et, bien sûr, les prix sont devenus au fil du temps les critères d'achat essentiels. Las des berlines traditionnelles, le quidam se tourne donc vers ces engins « hybrides », mi-berline, mi-break, qui leur assurent la reconnaissance recherchée. Ford a pris en compte ces éléments et calqué son attitude sur celles de Renault et de Nissan, qui proposent aussi des variantes deux roues motrices sur le Koleos et le Qashqai.

Même si, en termes de qualité perçue, le Kuga se situe un peu en retrait, son aura ne devrait pas en pâtir. Élaboré et assemblé en Europe (à Sarrelouis), il plaira assurément davantage aux hommes qu'aux femmes. Sauf à celles qui aiment les mâles aux traits burinés. Calandre à double trapèze, carrosserie sculptée, capot bombé, double sortie d'échappement, le Kuga dégage une puissance qui ne se traduit que partiellement sur la route, où son moteur TDCi 136 ch, fruit de la collaboration Ford-PSA, pêche parfois dans les relances.

Une carence à laquelle Ford devrait prochainement remédier, en proposant une motorisation plus tonique et, peut-être, un bloc essence. Car, dans l'immédiat, le Kuga n'est livrable qu'en gazole. Ce qui peut se comprendre, vu l'appétence de nos concitoyens pour ce mode d'énergie. Tel qu'il est motorisé, il remplace en tout cas avantageusement une berline ou un break.

Avec son toit panoramique (option), son hayon ouvrable séparément, son plancher plat une fois les sièges arrière rabattus, il se positionne à la fois comme un véhicule de loisirs familial et un tout-chemin (en version 4x4). À condition de ne pas lui demander l'impossible.

L'autre bon point touche à la sécurité active. Si le contrôle du roulis et l'assistance à la stabilité pour les remorques sont facturés en sus, l'ESP et l'antipatinage sont fournis de série.

Dernier atout, le système Haldex (répartition du couple 50-50) n'implique aucune intervention du conducteur. Ce qui signifie que le passage de deux en quatre roues motrices est indolore. C'est ce qui s'appelle aller à l'essentiel sans se compliquer la vie.