Certains s’engagent en politique. D’autres consacrent leur existence à Dieu. Loïc Guillevin, le nouveau président de la Commission de transparence a pour sa part opté pour la médecine.
Maîtresse exigeante, elle récompense, il est vrai, ses plus fidèles serviteurs. Si son nom a été soufflé par l’Elysée, cette « élection » distingue un clinicien hors pair, un travailleur acharné, un mandarin modeste. L’ambition toutefois a toujours été là tapie dans l’ombre, dissimulée derrière un caractère affable et une humeur égale. Comme François Hollande ? « On discute mais c’est au final moi qui décide. La démocratie n’existe pas en médecine », tranche le professeur de médecine interne. Reconnu par ses pairs, cette légitimité a toutefois été acquise sur le seul terrain de la médecine. L’esbroufe, la séduction ne sont pas au programme ; Seuls comptent les résultats. Premier arrivé dans son service, dernier parti, le modèle est ardu à imiter. La fidélité est ici une valeur moderne. Elle s’inscrit dans le respect des origines. Les vacances rituelles en Bretagne sont un rendez-vous obligé. Ou dans l’enracinement à son quartier d’enfance. Alors que la Haute Autorité de santé (HAS) est installée à Saint-Denis, il n’a jamais quitté le 9-3. Et demeure toujours au Bourget là où résident ses parents.
Ce n’est pas pour autant un enfant de la classe ouvrière. Son père est ingénieur. Bon élève dans un lycée de Drancy, le jeune Loïc est plutôt littéraire. Pourquoi choisir la médecine ? Loin d’être une vocation, elle s’impose toutefois comme le choix d’une vie. La carrière s’effectue ensuite à un rythme accéléré, même si elle n’obéit pas à un plan réfléchi. Hasard de la vie, rencontres et nécessité en seront comme souvent les principaux cristallisateurs. Cardiologue de formation, le jeune interne dans le service de Pierre Godeau, le patron tout puissant à l’hôpital de la Pitié-Salpétrière lui conseille d’explorer un domaine encore friche, les vascularites. La cardiologie à l’époque est une spécialité « tendance » où les innovations se succèdent à un rythme rapide. « Mais elle était déjà fragmentée, très technicienne. On est spécialiste de la pose d’un stent. Je préfère disposer d’une vision d’ensemble sur le patient. D’où mon choix pour la médecine interne », explique aujourd’hui Loïc Guillevin. À l’issue de son internat, le jeune médecin prend le seul poste de libre en médecine interne disponible à l’Assistance-publique-hôpitaux de Paris à l’hôpital Avicenne. Bonne pioche. Il succède à un peu plus de trente ans à son patron, décédé prématurément. Les responsabilités s’enchaînent, rédacteur en chef de la Revue de Médecine interne puis de la Presse médicale, auteur de nombreux livres et traités médicaux. C’est enfin l’adoubement à Paris avec le poste de chef du service de médecine interne à l’hôpital Cochin. L’appétit est féroce. Il devient le patron du plus grand service de France.
A la Haute Autorité de santé, le président de la Commission de transparence agit avec la plus grande indépendance, au nom de la science. Pour autant, c’est sûrement l’endroit où la médecine se frotte le plus souvent avec les exigences du politique. Face aux secousses prévisibles, il faudra peut-être à Loïc Guillevin nouer d’autres engagements que ceux de la médecine…
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