ON A ENTENDU les mots de Jean Vautrin et maintenant on entend le dessin de Jacques Tardi ; leur cri est le même, qui est « le Cri du peuple », un tableau grandiose et pathétique qui retrace la sanglante histoire de la Commune de Paris.
Homme de cinéma et romancier, Jean Vautrin - alias Jean Herman - nous avait pris à la gorge en racontant ces sombres journées au cours desquelles tout un peuple entreprit de vivre l'utopie sans attendre. L'adaptation et le dessin de Jacques Tardi, dont le trait noir et blanc mêle figures historiques et personnages de fiction, accentue cette impression d'exaltation et d'amertume et fait de ce moment de notre histoire une fresque somptueuse et sombre, au format cinémascope.
Le quatrième et dernier tome du « Cri du peuple » qui vient de paraître s'intitule à juste raison « Le testament des ruines ». On est à la fin du mois de mai 1871. C'est la semaine sanglante, la Commune de Paris vit ses derniers jours, on incendie les grands monuments de la ville, on fusille des otages aussi. Les derniers feux de l'utopie s'éteignent dans la tuerie générale.
Après quatre années de travail, le dessinateur a-t-il tourné pour autant la page d'Histoire ? Peut-être pas. Il se pourrait que le duo Vautrin-Tardi poursuive sa grande œuvre et se lance à l'assaut des années post-communardes. Tardi en rêve déjà : « On rentre de plain-pied chez Zola, avec les premières grandes grèves, la société industrielle qui va donner toute la mesure de son ignominie, la marche forcée vers la guerre de 14... » De la matière pour noircir encore bien des feuillets !
« le Cri du peuple », T. 4, « Le testament des ruines » de Tardi et Vautrin, éditions Casterman, 80 p., 18,50 euros
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