LES MEDECINS radiologues publics et libéraux s'alarment des menaces qui pèsent sur l'effort d'équipements des établissements de soins et des cabinets libéraux en matériels d'imagerie, notamment dans la perspective du Plan cancer, l'un des grands chantiers voulus par le président de la République.
La Fédération nationale des médecins radiologues (Fnmr), le Collège des enseignants de la spécialité (Cerf), la Société française de radiologie (SFR) et le Syndicat des radiologues hospitaliers (SRH) viennent ainsi de lancer un appel à Jacques Chirac.
Dans un texte intitulé « Il faut sauver le Plan cancer », ces instances s'inquiètent des effets de la tarification à l'activité dans les établissements de soins et de la prochaine classification commune des actes médicaux (Ccam), actuellement en discussion entre les syndicats médicaux et les caisses d'assurance-maladie. « Du fait de la baisse de leurs revenus, les hôpitaux publics et les médecins libéraux ne pourront plus bientôt investir dans les scanners, IRM, PET-scan. Je crains que certaines structures de proximité ne soient contraintes de fermer », indique le Dr Denis Aucant, président de la Fnmr. Alors que la France est sous-équipée « tant en matériel qu'en compétences médicales par rapport aux besoins croissants en imagerie de diagnostic », les espoirs nés du Plan cancer pourraient être vains, notent les signataires de ce texte.
La diminution du budget et de la capacité d'investissements des services de radiologie à l'hôpital aura de nombreuses répercussions : « Les patients auront encore un accès plus limité à la radiologie, ce qui va allonger les files d'attente et l'obligation des hôpitaux de recourir encore davantage à des cabinets de radiologues libéraux. »
Il y a actuellement en France 7 000 médecins radiologues dans les secteurs public et privé mais, selon le Dr Aucant, il existe un risque sérieux de désertification de la spécialité dans certaines régions. Quelque 20 % des postes de praticiens hospitaliers seraient déjà vacants dans la spécialité. « Cette pénurie supplémentaire peut mettre en péril le Plan cancer dont la réussite est largement conditionnée par le développement de l'imagerie en coupes, qui réclame du savoir-faire et des investissements », précisent les associations de radiologues. « Nous demandons le report de l'application de la nouvelle nomenclature pour les radiologues et une hiérarchisation plus appropriée des actes », indique le Dr Aucant. Le président de la Fnmr estime que le projet de la Ccam, s'il n'est pas modifié, entraînera une baisse de revenus de 40 % pour plus de la moitié des radiologues libéraux.
L'inquiétude des spécialistes de la médecine nucléaire
Les spécialistes de la médecine nucléaire estiment faire partie des grands perdants de la réforme de la nomenclature. « Nous acceptons la philosophie de la nouvelle Ccam qui remet à plat les différences entre toutes les spécialités mais certaines dispositions sont inadaptées à notre spécialité », affirme le Dr Bernard Songy, du Syndicat national de la médecine nucléaire (Snmn). L'instauration d'un forfait technique unique de 144 euros par acte est dénoncé par les praticiens nucléaires. « Le même tarif sera appliqué pour des actes qui durent 10 minutes comme pour d'autres qui sont beaucoup plus longs », explique le Dr Songy. Dans le cas d'une scintigraphie de la thyroïde, le prix de l'acte devrait considérablement augmenter alors qu' il devrait baisser de près de 40 % pour un examen cardiaque. Le Snmn regrette également que les tarifs proposés par la Cnam pour les produits de radiopharmacie utilisés pour réaliser les examens soient « sous-estimés de 30 % par rapport aux prix publics des radiopharmaceutiques ». Le syndicat craint que l'application de la classification commune des actes médicaux n'entraîne de nombreux services de scintigraphie à fermer ou à se regrouper. Il redoute également que certains examens soient plus difficiles à réaliser « parce qu'ils ne seront plus pris en charge à leur juste valeur par l'assurance-maladie ». Le Snmr demande l'abandon du forfait technique unique et l'ouverture d'une discussion avec la caisse sur le coût du poste radiopharmacie.
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