De quoi les médecins libéraux ont-ils besoin ? De reconnaissance . Oui, mais oublions...
Je veux dire : de quoi les médecins ont-ils vraiment besoin pour rendre de façon optimale le service que l'on attend d'eux ; citons rapidement : un secrétariat, du personnel pour gérer l'administratif, un peu de repos après des journées marathon... Toutes ces menues choses dont bénéficient les notaires, les responsables politiques, les médecins et les cadres des Caisses Primaires d'Assurance Maladie, les fonctionnaires des ARS, etc.
On se dit, naïvement sans doute, que si ces conditions étaient réunies, les jeunes praticiens rechigneraient moins à s'installer, voire même à réinvestir les « déserts médicaux ».
En y réfléchissant bien, on se dit aussi que dans ce pays, toute profession amenée à prendre des décisions – profession dite responsable, donc –, a les moyens humains et matériels pour le faire. À croire que les médecins libéraux sont des irresponsables...
Mais, l'important semble être ailleurs. Il faut briller, il faut de l'annonce qui claque, qui marque les esprits à quelques encablures des municipales ! les PTMG : moins de deux cents confrères qui vont sauver la France ; quelques hélicoptères dont les strobes illumineront les campagnes à condition qu'il y ait une DZ et que le plafond ne soit pas trop bas... ; le tiers-payant obligatoire pour l'illusion de la gratuité et, à intervalles réguliers, les bruits de bottes de la PDSA obligatoire et des réquisitions.
Il y a très longtemps, médecin aspirant, j'accompagnai de jeunes conscrits accompagnés d'un capitaine frais émoulu de l’École spéciale militaire de Saint-Cyr. Après qu'ils eurent défouraillé dans la joie, le jeune officier demanda à ses ouailles de ramasser les douilles au sol ; ce qu'ils firent dans un total désordre, jeunes coqs picorant lesgrains de maïs, au gré d'une anarchique déambulation.
Je suggérai au capitaine d'aligner les jeunes gens et de leur faire ramasser les douilles situées dans une bande étroite de terre située juste devant leurs pieds. Rapide et efficace. « C'est une bonne idée, me dit-il péremptoire, mais ce n'est pas celle qui sera retenue ».
Je retournai dans la jeep poursuivre la lecture de Bouvard et Pécuchet. Il m'arrive d'imaginer Marisol Touraine, en capitaine de parachutistes, mains campées sur les hanches, toisant les médecins libéraux qui proposent des idées pragmatiques et efficaces, et disant : « C'est qui le patron ? ».
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