De notre correspondant
Le Pr Christian Trépo, chef du service de gastro-entérologie de l'hôtel-Dieu de Lyon, a lancé un cri de colère lors de la conférence de presse annuelle où sont traditionnellement commentées les données épidémiologiques du SIDA pour la région par les trois « patrons » concernés des Hospices civils de Lyon.
De 1999 à 2000, 263 nouveaux cas ont été dépistés, soit une hausse de 26 %. Or ces nouvelles infections concernent majoritairement des hommes hétérosexuels (trois hommes pour une femme), avec un « âge préférentiel » de 30 à 44 ans. Pour le seul CHU de Lyon, la file active des malades continue à progresser, avec 2 641 patients suivis aujourd'hui régulièrement.
Les caractéristiques de l'épidémie à l'échelon régional ont été définies pour la première fois cette année par la DRASS, qui a centralisé les données de 17 centres hospitaliers dans les huit départements de Rhône-Alpes. Elles permettent de dresser le profil-type du patient séropositif : « Ni jeune, ni toxicomane », mais « quadragénaire et hétérosexuel. » Et qui tarde à consulter : une étude en cours du laboratoire d'épidémiologie de l'université Claude-Bernard-Lyon-I (Dr Philippe Vanhems), qui a cherché à identifier en 2001, chez 214 patients, les facteurs associés à une prise en charge tardive ou retardée, montre que 19 % ont été pris en charge par l'un des trois services du CHU à un stade avancé de la maladie, et que 4 % seulement ont consulté pour la première fois lors de leur séroconversion et ont donc pu bénéficier d'un traitement précoce.
Le second résultat intéressant de cette étude en termes de prévention concerne l'âge des patients : « Les moins de 27 ans consultent nettement plus rapidement après leur test que les plus de 27 ans », constate le Dr Vanhems.
« Alors que les budgets SIDA sont gelés, que les moyens qui nous sont alloués n'évoluent pas, la maladie est en constante progression et la situation est carrément mauvaise », a lancé, le Pr Trépo. « Il faut cesser de faire croire qu'il s'agit désormais d'une maladie chronique comme une autre, contrairement à ce que l'on entend dire, y compris dans la presse spécialisée, et réinvestir massivement dans la prévention en direction de la population générale, la plus exposée aujourd'hui. »
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