LA RÉFORME FISCALE (qui se limite à une simplification des barèmes) ne déplaira pas à tout le monde - pas, en tout cas, à ceux qui paieront moins. Il s'agit en principe d'une opération blanche, financée à hauteur de 3,5 milliards d'euros qui permettront de diminuer les impôts de la classe moyenne et des plus riches.
Une simulation sur un revenu brut de 100 000 euros (soit 80 000 après paiement des cotisations sociales) pour un couple sans enfant montre que, avant et après la réforme, l'impôt est sensiblement le même, environ 11 700 euros. Les vifs reproches adressés par la gauche au pouvoir sont donc politiques : il s'agit de ruiner la manœuvre qui consiste, pour nos dirigeants, à retrouver un peu de popularité dans la vaste classe moyenne.
Des cotes en hausse.
Or les sondages confirment que les cotes de Jacques Chirac et de Dominique de Villepin se redressent vivement. Il est possible que l'accident vasculaire cérébral du président ait soulevé l'émotion du peuple. Mais il nous semble que le frémissement est à la fois plus profond et plus vigoureux qu'il n'y paraît. En dépit de quelques sondages où l'action du gouvernement est jugée négativement, on voit apparaître des sentiments positifs dans l'opinion. Sans doute parce que Dominique de Villepin a été tout à la fois ferme, patient, calme, persévérant, et très actif : presque un effet d'annonce quotidien, ce qui cloue le bec de Nicolas Sarkozy, qui ne fait pas plus d'une fête par mois, et encore.
En d'autres termes, ce que le chef du gouvernement réussit le mieux, c'est sa communication, qui tranche par rapport aux effets de manche, formules à l'emporte-pièce, discours tapageurs de M. Sarkozy. Lequel peut bien promettre des baisses d'impôt, il ne peut pas les accorder, comme vient de le faire le Premier ministre.
L'objectif principal du couple Chirac-Villepin est bien sûr de neutraliser le président de l'UMP. La tâche est ardue, car les victoires apparentes que l'exécutif a remportées contre le ministre de l'Intérieur ne sont que conjoncturelles. M. Sarkozy laisse en outre, dans les esprits, et plus particulièrement ceux des élus de l'UMP, une empreinte profonde : ils comptent sur lui pour sauver leur siège.
VILLEPIN VEUT CASSER LA DYNAMIQUE SARKOZY ET CREUSER LES DIVISIONS DE LA GAUCHE
Le PS cassé.
Tout de même : il y a une différence entre les promesses et les actes. Et au rythme effréné du gouvernement, il s'agit d'un acte par jour.
L'autre objectif du gouvernement, c'est de dresser un rempart contre l'opposition. L'année 2004, avec les victoires à répétition de la gauche, semblait ouvrir une voie royale aux élections de 2007. Patatras ! L'Europe a cassé la colonne vertébrale de l'opposition en coupant en deux le Parti socialiste. Lequel n'a toujours pas surmonté sa crise, d'autant que Laurent Fabius fait de la résistance en déployant tous ses efforts pour construire, sur les décombres de la Constitution européenne, un front du refus français auquel il espère associer l'extrême-gauche et les communistes, dès qu'ils auront cessé de casser des œufs sur son crâne.
L'incident n'est d'ailleurs pas anodin : les militants du PC ont ricané quand M. Fabius les a appelés « camarades », hypocrisie dont il aurait pu faire l'économie. Tout simplement, cet homme qui pourrait jouer les grands aristocrates au cinéma n'est pas crédible dans le style décontracté et populaire.
Mais personne, au PS, ne peut considérer M. Fabius comme une quantité négligeable. Comme ancien Premier ministre, il a du répondant. De sorte que le même Fabius fait à la droite un cadeau somptueux et inespéré : elle est très affaiblie, mais la gauche, elle, est divisée.
Question de crédit.
Les efforts acharnés du pouvoir pour remonter la pente finiront-ils par envoyer au combat une droite en meilleure forme ? Rien n'est moins sûr dès lors que toute action gouvernementale est systématiquement discréditée par l'opposition et que les syndicats s'emploient à accroître le mécontentement général en organisant des grèves, comme celle du 4 octobre. L'impopularité de la majorité actuelle a peut-être dépassé son point de non-retour.
Il demeure que Dominique de Villepin a montré son savoir-faire : on aura noté qu'une tentative des routiers pour bloquer l'approvisionnement en carburants a échoué dans l'indifférence générale ; que des mesures ont été accordées aux agriculteurs et à diverses professions victimes des prix de l'essence ; que l'accent est mis sur les biocarburants. Bref, le gouvernement court de foyer en foyer et réussit parfois à éteindre l'incendie. En d'autres termes, les syndicats ne sont pas certains que leur grande manifestation du 4 octobre soit un succès. M. Chirac n'est peut-être pas très populaire, mais il n'a pas perdu tout son crédit, de même que la gauche n'a pas retrouvé tout le sien.
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