La santé en librairie
En un petit chapitre, l'auteur commence par régler, le plus chirurgicalement du monde, les problèmes de bipédie, de croissance staturo-pondérale du bébé jusqu'à l'adolescence et aux petites malformations sans gravité, de mesures biomédicales de la croissance, prévisionnelles comprises, enfin de nutrition en lien avec la croissance.
Le chirurgien s'attarde bien davantage sur la notion de « canons », au moins aussi prégnante dans nos sociétés que dans la société grecque qui les a mis au point. On sent percer l'envol vers le mythique canon 9, né en Afrique, auquel atteignent de plus en plus d'Américains et d'Européens du Nord : ah ! mesurer 1,98 mètre pour une hauteur de tête de 22 cm si l'on est un homme, et 1,80 mètre pour une hauteur de tête de 20 cm si l'on est une femme ! Même si le maître canon, la « divine proportion » selon Phidias, n'était que le 8, le canon 9 ne représente-t-il pas un aboutissement, le résultat de « l'épanouissement d'une population » sortie de la consanguinité et de mieux en mieux nourrie, la perfection en quelque sorte ? Certes, le chirurgien ne l'affirme pas aussi nettement, pas plus qu'il ne saurait imposer le « nec plus ultra » de chacun des « canons mous » constitués par les graisses et les muscles et qui permettent (en principe) de « transformer l'apparence de notre morphologie » grâce à l'alimentation et à l'exercice physique. Quoi qu'il en soit, chaque lecteur pourra évaluer sa silhouette en s'aidant de « douze mesures simples », se classer dans l'un ou l'autre des grands morphotypes osseux et mous, et savoir enfin s'il doit se ranger dans l'une des catégories « moins favorisé(e)s que d'autres », pour cause de « petite taille » ou de « dysharmonie corporelle ».
L'art de l'orthopédie
L'orthopédie, ou l' « art de corriger les difformités, l'usure et les accidents osseux », arrive alors. Il faudra passer toutes les articulations en revue, de l'épaule au pied, présenter tout ce que la chirurgie peut offrir de techniques de réparation ou de remplacement, avant de revenir aux canons, par l'intermédiaire d'une chirurgie récente particulièrement chère au cur de l'auteur, l'allongement osseux progressif. Arthrodèses, prothèses, ostéotomies et autres moyens de pallier l'usure, les délabrements traumatiques et leurs douleurs, transforment la vie de patients de plus en plus nombreux et occupent une bonne moitié des pages du livre. Pourtant, c'est à l'allongement osseux progressif que l'auteur réserve le plus d'enthousiasme : cette « intervention extraordinaire », n'est-elle pas « souvent l'ultime espoir de corriger la nature, de gommer la différence, vécue comme une disgrâce, un handicap », « d'effacer la souffrance psychologique », fût-ce au prix des souffrances somatiques de l'ostéotomie, d'une « longue et contraignante rééducation » et des risques de toute chirurgie ?
L'auteur retombe alors sur terre pour un raisonnable chapitre de prévention de l'os et des articulations, puis pour un appel politico-social à refonte du système médical, en vue d'un monde orthopédique de plus en plus efficace et serein.
« L'Homme réparé. De la tête aux pieds », Dr Gilles Musy, Presses du Châtelet, 264 pages, 18,50 euros.
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