Depuis vingt ans le nombre des médecins en activité a augmenté de 75 %, et la densité médicale s'est accrue de 63 % passant de 206 médecins pour 100 000 habitants (1979) à 335 pour 100 000 en 2001, mais cette progression importante dans les années quatre-vingt (+ 3,8 % par an) stagne (+ 1,6 %) dès la fin des années quatre-vingt-dix, souligne l'étude de l'Ordre menée en partenariat avec le CREDES (Centre de recherche, d'étude et de documentation en économie de la santé).
Au 1er janvier 2001, l'effectif total des médecins en activité (200 797 dont 196 006 en métropole) n'a progressé que de 1,86 % par rapport à 2000. Un ralentissement imputable à « la politique de régulation des flux de formation menée depuis la fin des années soixante-dix ». Le numerus clausus, qui fixe le nombre de places ouvertes en 2e année de médecine, a diminué de 50 % depuis sa création en 1971 passant de 8 588 places à environ 3 700 dans les années quatre-vingt-dix avant de remonter à 4 100 en 2000 et 4 700 en 2001, souligne l'Ordre.
L'âge moyen des médecins en activité est de 46 ans (44 pour les femmes et 47 pour les hommes) et traduit un vieillissement marqué de la population médicale où l'effectif des moins de 40 ans est inférieur à celui des plus de 50 ans.
Ce vieillissement accru « peut poser problème dans certaines spécialités dont les caractéristiques de pénibilité et de disponibilité sont importantes », mais également « dans le dynamisme et le renouvellement des compétences qui sont largement corrélées à la proximité des études médicales » explique l'Ordre.
A cela s'ajoutent les inégalités dans la répartition géographique du corps médical, au sein des départements d'abord dont la densité varie de 1 à 4, la Mayenne étant le plus faiblement doté et Paris le mieux pourvu, et dans les villes ensuite où les médecins privilégient leur installation au cur de la cité et délaissent peu à peu les périphéries.
Baisse des effectifs à l'horizon 2020
Les perspectives pour les vingt prochaines années font état d'une diminution des effectifs de médecins de 10 à 15 % à l'horizon 2020 « pour un numerus clausus compris entre 4 700 et 5 300 places dès la rentrée prochaine ». En termes de densité, on passerait de 335 médecins pour 100 000 habitants à une densité comprise entre 260 et 270, souligne l'Ordre qui estime qu'il faudrait un numerus clausus« beaucoup plus élevé » pour faire face notamment aux départs en retraite de médecins, 7 000 à 9 000 par an pour la décennie 2010.
En termes de spécialistes, la chute des effectifs serait de 5 % d'ici à 2020, si les flux actuels de formation se prolongeaient (hypothèse d'un numerus clausus de 4 100), avec des baisses spectaculaires dans différentes spécialités comme la gynécologie médicale (- 70 %), l'ophtalmologie (- 44 %), la médecine interne (- 42 %), la psychiatrie (- 41 %) et la pédiatrie (- 22 %).
« Les représentants de l'Etat, seul décideur en établissant le nombre des étudiants et en fixant le nombre d'internes, ont une lourde tâche et une grave responsabilité », car de leurs décisions « dépendent en partie la qualité et la sécurité des soins médicaux », souligne l'Ordre en introduction de l'étude.
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