Réalisation
Henri-Georges Clouzot
Année de réalisation
1943
Scénario
Louis Chevance
Durée
92 minutes
Distribution
Pierre Fresnay (Dr Rémy Germain)
Ginette Leclerc (Denise Saillens)
Pierre Larquey (Dr Michel Vorzet)
Micheline Francey (Laura Vorzey)
Héléna Manson (Marie Corbin)
Noël Roquevert (Saillens, l’instituteur)
Antoine Balpétré (Dr Delorme)
Louis Seigner (Dr Bertrand)
Pierre Bertin (le sous-préfet)
Sylvie (la mère)
Liliane Maigné (Rolande)
Roger Blin (le cancéreux)
Bernard Lancret (le substitut)
Jean Brochard (l’économe de l’hôpital)
L’histoire
Les notables de Saint-Robin, petite sous-préfecture de province, sont inondés de lettres anonymes signées Le corbeau. Elles s’en prennent surtout au docteur Rémi Germain, accusé de pratique abortives et d’être l’amant de Laura, la femme de son collègue, le Dr Vorzet. Bientôt tous les notables de la ville en prennent pour leur compte dans les missives du corbeau. Les choses se gâtent encore un peu plus lorsque l'un des patients du docteur Germain se suicide, une lettre lui ayant révélé qu'il ne survivrait pas à sa maladie. Le docteur Germain enquête pour découvrir l'identité du mystérieux corbeau.
Un film controversé à la Libération
Le film fut interdit à la Libération car il avait été produit le studio Continental-Films, une compagnie de production allemande pour laquelle Clouzot travaillait comme chef du bureau des scénaristes. Tout cela donna aux détracteurs de Clouzot du grain à moudre : le film était pour eux un acte de collaboration, tant l'image qu'il donnait des Français- délateurs et hystériques était noire. La noirceur du film évoque aussi bien M le maudit que Furie, duex chefs-d’œuvre de Fritz Lang. Le film d’abord encensé à sa sortie en 1943, fut très vite attaqué pour son immoralité et pour la peinture noire qu'il faisait de la France, servant ainsi la propagande nazie. Un célèbre critique communiste écrivit qu'on y voyait l'influence de Mein Kampf. On alla jusqu'à dire qu’il avait été distribué en Allemagne sous le titre « Une petite ville française comme les autres », pure diffamation puisque la Tobis l'avait refusé, à cause de sa noirceur et que le visa d’exportation n'avait jamais été signé (d'un autre côté, Goebbels encouragea la distribution du film à l'étranger). L’Ecran français publia ainsi un article ("Le Corbeau est déplumé ") dans lequel il dénonce "une entreprise d’avillissement propre à montrer la dégénérescence du peuple français". Si Georges Sadoul et Jean Painlevé, nouvellement nommé à la tête du cinéma français prirent parti contre le film, Jacques Prévert, Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir, Jean-Paul Le Chanois, René Clair soutinrent avec véhémence le film de Clouzot. Et Henri Jeanson écrivit même un texte virulent, "Cocos contre Corbeau", où il comparait le film à Zola et à Mirbeau. Cela n’empêcha pas celui de se voir suspendu d’activité pendant près de trois ans... jusqu’à ce qu’il prenne une revanche cinglante avec le génial Quai des Orfèvres.
Autour du film
La Centrale catholique du cinéma, qui avait bien senti l'insulte que représentait le film de Clouzot vis-à-vis des valeurs qu'elle défendait et qu'elle représentait, lui décerna sa cote no 6, celle des « films à proscrire absolument parce qu'ils sont essentiellement pernicieux au point de vue social, moral ou religieux. »
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