Le Conseil de l'Europe (qu'il ne faut pas confondre avec le Parlement européen, qui rassemble les députés des quinze pays - vingt-cinq en 2004 - ayant adhéré à l'Union européenne) appelle ses 45 Etats membres à « promouvoir le rôle des médecins généralistes » et à considérer la prévention comme un « pilier à part entière » de la politique de santé. Ces orientations permettront, selon lui, « de réduire les dépenses et d'améliorer la santé de la population », à l'heure où tous les pays n'ont d'autre choix que de réformer en profondeur leur système de santé.
Les 313 membres de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, tous issus des parlements nationaux de ses Etats membres, ont passé en revue, dans un rapport et une résolution, les défis posés par les réformes actuelles des systèmes de santé européens. Ils insistent sur la nécessité de réduire les inégalités d'accès aux soins, et souhaitent que des études mesurent les incidences de l'augmentation de la participation des assurés aux dépenses et du développement des assurances privées sur l'accès aux soins. Ils plaident, par ailleurs, pour un meilleur respect des droits des patients.
Rédigé par un parlementaire roumain, Ovidiu Brinzan, le rapport pointe ensuite « les lacunes des systèmes de santé révélées par la vague de chaleur de l'été dernier ». Pour le rapporteur, « cette crise a révélé les conséquences des pénuries d'effectifs dans les hôpitaux et des coupes budgétaires, y compris en matière d'allocations aux personnes âgées vivant seules ». Il aborde ensuite quelques scénarios pour l'avenir des systèmes de santé, et observe que ce sont parfois les pays d'Europe orientale qui, en dépit de leurs difficultés économiques, se montrent les plus innovants an matière de réformes.
L'exemple de la Hongrie
C'est ainsi que la Hongrie, selon le rapporteur, a « emprunté et adapté les formules de rémunération expérimentées et ayant fait leurs preuves à l'ouest dans un esprit de modernité dont aucun pays occidental ne peut se prévaloir ». Les généralistes libéraux, rémunérés par une capitation à l'anglo-saxonne, passent des contrats d'objectifs avec les organismes locaux de gestion des soins. Les spécialistes, eux, sont payés à l'acte, avec des points comme en Allemagne, tandis que les hôpitaux sont financés par des forfaits par pathologie. « Après cinq années de réforme, observe le rapporteur, les médecins utilisent des protocoles de soins et ont vu leurs revenus doubler, tandis que les séjours à l'hôpital ont diminué de 20 %. »
Certes, conclut le rapport, aucun système n'est parfait, mais tous les pays doivent savoir, dès maintenant, qu'il n'y aura pas d'avenir sans réformes de grande ampleur, et que celles-ci doivent être prévues rapidement, car il faut au moins cinq ans pour les mettre en œuvre et en recueillir les fruits. Il ne peut y avoir de réforme sans conflit, termine M. Brinzan, mais les gouvernements européens doivent se demander « quels sont les conflits qu'ils sont le plus capables d'affronter, compte tenu des valeurs qu'ils tiennent à préserver ».
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