28 erreurs depuis 2004

Le concours de PCEM 1 soumis à rude épreuve

Publié le 28/09/2008
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LA PREMIÈRE ANNÉE de médecine n'est pas un long fleuve tranquille. Tous les doyens vous le diront. Ces dernières années, un grand nombre d'incidents ont émaillé le sacro-saint concours de PCEM 1. Tous n'ont d'ailleurs pas été ébruités. Devant leur recrudescence, l'Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF) a décidé de mener sa propre enquête. Grâce à ses structures locales dans les 28 facultés de l'Hexagone, l'ANEMF a relevé les anicroches des concours enregistrées depuis 2004. Au total, pas moins de 28 « erreurs » ont été recensées. Des fautes de frappe imputables aux professeurs qui ont rédigé les énoncés des examens (dans 9 cas), ou de numérotation d'items mettant les candidats dans l'embarras comme à Dijon en 2006 où l'épreuve de physiologie a dû être reportée. Le jury s'était rendu compte de l'existence de deux réponses « A » dans un questionnaire à choix multiples (QCM). À Nice en 2004, les étudiants ont eu la surprise de découvrir les réponses de leur épreuve de chimie soulignées sous l'énoncé. À Lyon Laënnec, les étudiants ont dû repasser une épreuve de physiologie car ils n'avaient pas la dernière page du sujet. «Ces erreurs pourraient aisément être évitées par la simple relecture des sujets et vérification du nombre total de pages avant impression», constate l'ANEMF. Un manque de communication entre les organisateurs et des consignes contradictoires données aux étudiants, comme cela fut le cas à Lille l'an dernier, sont parfois en cause. Certains étudiants s'étaient vu interdire l'usage d'un modèle de calculatrice quand d'autres avaient pu la conserver. Il s'ensuivit un long imbroglio juridique. Enfin, après l'épreuve, les classements ont à plusieurs reprises été modifiés après affichage pour diverses raisons : perte de copies, erreurs de pondération de notes, problèmes de correction ou fautes administratives. Treize problèmes de cet ordre ont été relevés ces cinq dernières années. «Les décisions d'annulation avec report d'épreuve et reclassement sont vécues comme un bouleversement psychologique pour ces étudiants qui jouent leur avenir lors de ce concours», note l'ANEMF. Sans compter les incidences économiques de ces erreurs. La réorganisation d'une épreuve peut coûter très cher à une faculté.

Pour des règles universelles.

«Dans certaines villes, ces failles dans l'organisation du concours sont devenues quasi systématiques, engendrant chez les étudiants un stress supplémentaire», explique l'ANEMF. Dijon a ainsi connu une annulation d'épreuve de physiologie en 2006 suite à une erreur dans un QCM puis a fait paraître de nouveaux classements à l'issue des concours de 2007 et 2008. L'épisode dramatique de Lille survenu l'an dernier avait valu un rappel à l'ordre des doyens de la part de la ministre de l'Enseignement supérieur Valérie Pécresse (« le Quotidien » des 2 et 5 octobre 2007). Il semblerait qu'il n'ait pas eu les effets escomptés. Les auteurs de l'enquête, Célia Chiron et William Dronne, vice-présidents de l'ANEMF, constatent que les erreurs se sont multipliées en 2008 – pas moins de sept incidents contre trois en 2007 ! «Ce constat montre bien les failles de l'université sur l'organisation des épreuves de PCEM1, souligne l'ANEMF. C'est pourquoi la lettre de cadrage se doit de présenter des dispositions communes à toutes les facultés sur la rigueur et le respect des règles autour des épreuves de la future L1 Santé et non être livrée seulement au libre arbitre des dirigeants universitaires.» La réforme de la L1 Santé qui pourrait intervenir en 2009 avec l'introduction de quatre concours (pharmacie, odontologie, sage-femme et médecine) fait craindre de nouvelles complications. «Il serait de bon ton qu'une réflexion nationale soit menée définissant des modalités de concours communes à tous les étudiants de PCEM1 en France», conclut l'ANEMF.

> CH. G.

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8428