« LES DISPOSITIFS MEDICAUX ne sont pas reconnus à leur juste valeur », déplore Yves Drapp, président de l'Apidim (Association pour la promotion de l'innovation des dispositifs médicaux), qui regroupe des industriels du secteur installés en France et financés par des capitaux américains (1). Saison du Plfss (projet de loi de financement de la Sécurité sociale) oblige, l'Apidim lance une campagne de lobbying auprès des parlementaires et des acteurs du monde de la santé en visant un triple objectif : faire « reconnaître les spécificités » des dispositifs médicaux innovants et leurs bénéfices, « adapter les procédures d'évaluation » en conséquence et, enfin, obtenir la « simplification du cadre réglementaire de la prise en charge ».
L'Apidim fonde ses revendications sur une étude du cabinet d'expertise Aremis, conduite par l'économiste Claude Le Pen. Cette étude appelle à « changer la donne » à partir de quatre études de cas : le défibrillateur automatique implantable, les diffuseurs portables (antidouleur, chimiothérapies, antibiothérapies...), les pansements « modernes » favorisant la cicatrisation et les divers dispositifs sécurisés.
A la sauce pharmaceutique. « Les dispositifs médicaux sont le parent pauvre du chantier de l'évaluation », résume Claude
Le Pen. Quand ils sont évalués, les dispositifs « sont un peu mangés à la sauce pharmaceutique », renchérit Yves Drapp.
Les dispositifs médicaux innovants ont un handicap structurel, fait valoir Claude Le Pen : contrairement aux médicaments, ils « sont restructurants et perturbent un peu l'organisation des soins ». Or il est « difficile de bouger le système de santé français qui n'est pas d'une grande flexibilité », ajoute-t-il. En outre, ce marché, estimé à 9 milliards d'euros (sur un an, ville et hôpital confondus), est confronté à un système réglementaire encore plus complexe depuis les réformes de la tarification à l'activité (T2A) et de la classification commune des actes médicaux (Ccam). Désormais, les instances d'évaluation et de tarification varient selon le statut du dispositif médical (soins ambulatoires-hospitaliers, intégration ou non aux groupes homogènes de séjour, utilisation pendant l'acte technique ou au-delà).
En attendant, souligne l'Apidim, « le cycle de vie de l'innovation (étant) très court », soit deux ou trois ans pour les dispositifs médicaux, « le patient bénéficie rarement des dernières innovations ».
(1) Les laboratoires membres de l'Apidim (fondée par Alcon, Baxter, Becton
Dickinson, St. Jude Medical, Medtronic,
3M Santé, Guidant et Boston Scientific)
totalisent un chiffre d'affaires de
« plus de 2 milliards d'euros » en France.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature