DEPUIS sa première traduction en 1883 par l'anthropologue et linguiste Richard Burton, le «Kama-sutra » (1) – oeuvre de compilation de plusieurs ouvrages, au IVe siècle de notre ère, par le brahmane Mallanaga Vatsyayana (qui affirme avoir expérimenté par lui-même toutes les pratiques qu'il décrit dans son recueil) – n'a cessé d'être édité sous une forme plus ou moins tronquée, plus ou moins luxueuse.
En voici une version succincte et élégante, établie par Anne Johnson d'après la traduction originale de sir Burton, qui illustre l'oeuvre dans ses différentes composantes, c'est-à-dire comme un traité sur l'art de vivre du citadin raffiné et civilisé, dont l'érotisme ne représente qu'un aspect. Des morceaux choisis d'un chef-d'oeuvre de la littérature universelle qui ouvrent la porte d'un monde d'enchantement.
Très actuel, en revanche, est l'album réalisé par Yves-Alexandre Thalmann, que l'on nous présente comme un «psychologue professionnel, sexologue amateur et sexophile averti».
«Vive les plaisirs sexuels!» (2) est un livre jubilatoire, qui invite à vivre une sexualité joyeuse, décomplexée, respectueuse aussi des goûts de chacun. Très illustré par l'auteur et Marc Duval, l'ouvrage est une sorte de « Kama-sutra » actuel, une « ode à la volupté charnelle » qui doit faire autant plaisir à voir qu'à lire. «Maiségalement, ajoute l'auteur, un ouvrage qui aborde sans détour, avec franc-parler (il ose appeler une chatte... une chatte!), les questions relatives au sexe, sous l'unique grand angle du plaisir». Dont acte.
La question des origines.
Dans une autre catégorie, et paru il y a déjà quelques mois, on se plaît à revenir sur l'inattendu et magnifique ouvrage de Pascal Quignard, «la Nuit sexuelle» (3).
Prix Goncourt en 2002 pour le premier des cinq tomes du « Dernier Royaume, Les Ombres errantes », cet écrivain hors du commun poursuit la réflexion qu'il avait initiée en 1994 dans « le Sexe et l'Effroi » (Gallimard), où il confrontait la jouissance et le plaisir sexuel à l'effroi et à la peur de la pâmoison, dans le monde romain.
Ce devait être un essai unique mais le vote en 2005 du Brodcoast Decency Enforcement Act, la loi américaine contre les images indécentes, lui a fait prendre conscience de l'urgence de rendre publique sa collection d' «images indécentes».
Les 200 images qu'il a retenues, publiées dans un album format livre d'orgue et sur fond noir, sont plus belles les unes que les autres. Elles ramènent toutes à la question des origines et à cette image inexistante que l'on recherche à travers les autres images. «Je cherche à faire un pas de plus vers la source de l'effroi que les hommes ressentent quand ils songent à ce qu'ils furent avant que leur corps projette une ombre dans ce monde. Si derrière la fascination, il y a l'image qui manque, derrière l'image qui manque, il y a encore quelque chose: la nuit», explique Pascal Quignard, guide érudit dans cette nuit éminemment sensorielle.
(1) Editions Sélection du Reader's Digest, 191 p., 29,95 euros.
(2) Editions de l'Hèbe, 159 p., 15 euros.
(3) Editions Flammarion, 280 p., 75 euros.
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