C'ETAIT UN FAIT ADMIS depuis bien longtemps : au cours d'un exercice physique, la mobilisation des lipides à partir des cellules graisseuses se fait par l'intermédiaire des catécholamines. On peut maintenant ajouter : « Pas seulement les catécholamines. »
Revenons quelques années en arrière, lorsqu'une équipe coordonnée par Max Lafontan et Michel Berlan (Inserm U 586, unité dirigée par Dominique Langin) constate fortuitement que cette mobilisation de lipides persiste chez les personnes traitées par bêtabloquants, molécules qui suppriment l'effet des catécholamines. Les chercheurs émettent donc l'hypothèse qu'un autre facteur est impliqué dans la mobilisation des graisses. Hypothèse qui se vérifie en 2000 quand les chercheurs de cette unité Inserm montrent in vitro que certains peptides sécrétés par la fibre myocardique, les peptides natriurétiques, sont capables de stimuler la lipolyse. En 2003, Max Lafontan et coll. découvrent l'existence de récepteurs aux peptides natriurétiques sur les adipocytes humains ; stimulés, ces récepteurs activent la lipolyse avec la même ampleur que les catécholamines.
Une étape supplémentaire a été franchie par les chercheurs : in vivo, ils démontrent que les peptides natriurétiques contribuent à la mobilisation des lipides induite par un exercice physique d'endurance. De plus, ils montrent que le rôle de ces peptides devient plus important chez les sujets traités par bêtabloquants : le coeur libère alors des quantités notables de peptides natriurétiques, qui prennent le relais des catécholamines pour mobiliser les graisses des adipocytes. Cette découverte ouvre des perspectives dans les domaines métabolique et cardio-vasculaire.
Enfin, rappelons qu'une étude de Wang et coll., publiée récemment dans « Circulation » (2004 ; 109 : 594-600), montre que les obèses ont tendance à avoir des taux plasmatiques bas de peptides natriurétiques. Or, on sait que les obèses ont souvent déjà une faible mobilisation des graisses induite par les catécholamines.
Des essais cliniques complémentaires sont prévus au sein de l'unité Inserm 586 et dans le laboratoire franco-tchèque de recherche clinique sur l'obésité créé et soutenu par l'Inserm à Prague.
Cédric Moro, François Crampes, Coralie Sengeres, Isabelle de Glisenzinski, Jean Galisky, Claire Thalamas, Max Lafontan et Michel Berlan. «Faseb Journal », 1er mai 2004, 18 (7) : 908-910.
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