LE CENTRE national des professions de santé (Cnps, composé d'une vingtaine de syndicats de praticiens libéraux) tient aujourd'hui et demain ses premières assises depuis février 2002, en présence du ministre de la Santé, Xavier Bertrand, et du directeur général de l'assurance-maladie, Frédéric van Roekeghem. Les dernières assises nationales de 2002 avaient certes eu les honneurs du président de la République, mais Jacques Chirac y était venu en candidat, deux mois avant l'élection présidentielle. Le chef de l'Etat avait alors fait passer un message important à l'intention des professionnels de santé libéraux, en affirmant notamment que la page du plan Juppé devait être « définitivement tournée ».
Cette fois, les assises s'inscrivent dans un autre contexte. Selon Dino Cabrera, président du Cnps et leader du Syndicat des médecins libéraux (SML), elles devraient réunir « entre 150 et 200 » professionnels de santé autour du thème de « la réforme de l'assurance-maladie, un an après ».
Depuis la réforme de 2004, le Cnps coexiste avec l'Union nationale des professions de santé (Unps), chargée de rendre des avis et de négocier à sa place l'accord-cadre interprofessionnel avec l'assurance-maladie. Cependant, aux yeux du Dr Cabrera, il n'y a « pas de concurrence » entre les deux instances. Comme il assume « la présidence des deux », il explique qu'il « n'a pas à faire de surenchère d'une structure par rapport à l'autre ». Le Cnps, poursuit le Dr Cabrera, « est un lieu de réflexion, un peu comme un parti politique », tandis que l'Unps s'apparente davantage à une « assemblée, qui prend des décisions par des votes plus structurés ». Contrairement à l'Union, dont le rôle est institutionnel, le Cnps reste « une organisation syndicale, à vocation de construction ou parfois de contestation », précise l'un de ses vice-présidents, Jean-Jacques Magnies, du syndicat de kinésithérapeutes Snmkr. « C'est toujours le moteur de nos revendications », résume un autre vice-président, Jean-Claude Michel, de la Confédération nationale des syndicats dentaires (Cnsd).
Cicatrices.
Par ces assises, le Cnps entend démontrer qu'il « n'est pas une structure dormante », déclare le Dr Cabrera. Et si le Cnps a pu paraître plutôt agité à la fin 2004, cette période semble révolue, aux dires de ses membres. Il y a un an, l'élection controversée de Dino Cabrera à la tête du Cnps avait laissé craindre, selon ses propres termes, « une implosion » de cette structure. Des organisations sur le départ ont finalement repris leur place au Cnps depuis quelques mois, hormis le syndicat de médecins généralistes MG-France, l'Union des jeunes chirurgiens-dentistes (Ujcd), la Fédération des médecins de France (FMF) et le Syndicat des orthoptistes (Snao). Jean-Claude Michel note que d'autres, pourtant à jour de cotisation, « ne participent pas » aux réunions, tels les kinés de la Ffmkr et les pharmaciens de la Fspf. Le Dr Cabrera admet qu' « il y a eu des remous, (qu') il y a des cicatrices, mais les uns et les autres essayent de passer outre ».
« Le Cnps se porte bien », diagnostique Nadine Hesnart, secrétaire générale du Cnps et présidente de la Fédération nationale des infirmières (FNI). « Il faut laisser le temps au temps, déclare Jean-Claude Michel. En tout cas, le président Cabrera veille à ce que ce ne soit plus "tout pour les médecins", comme avant. » Les difficultés « se sont aplanies à 95 %, si bien que l'ambiance est maintenant bonne et constructive », confirme Jean-Jacques Magnies. Les assises, ajoute-t-il, « donnent l'occasion de montrer que le Cnps s'est remis au travail ».
Quatre tables rondes.
Cet après-midi, le Cnps consacrera ses tables rondes simultanées à quatre sujets d'actualité. La première doit déclencher « un brain-storming » afin qu'émergent des propositions relatives à « la démographie des professionnels de santé dans les zones à faible démographie », alors que Xavier Bertrand met la dernière main à un plan ministériel en la matière. Une autre table ronde vise à sensibiliser les praticiens au problème de « l'entrée des capitaux dans le domaine de la santé ».
« Les biologistes et les pharmaciens sont aujourd'hui en ligne de mire, et cela peut concerner à l'avenir, pourquoi pas, des cabinets médicaux dans certaines zones », observe le président du Cnps (« le Quotidien » du 28 juin 2005). Or, souligne-t-il, la rémunération des capitaux étrangers tend à « diminuer » la part qui revient aux praticiens et « le regroupement des cabinets se fait au détriment de la proximité et de l'indépendance des professionnels ».
La troisième table ronde portera sur « la maîtrise médicalisée (des dépenses) et ses conséquences ». La responsable de la FNI, qui attend une refonte de la convention des infirmières, estime qu' « il est peut-être bon de rappeler que d'autres professions s'étaient inscrites dans la réforme et que certaines n'ont pas encore eu de discussions avec l'assurance-maladie ». « Pour l'instant, la maîtrise médicalisée est cantonnée aux seuls médecins libéraux, et ce n'est pas normal », renchérit le Dr Cabrera, qui vise autant les autres professionnels de soins de ville que l'hôpital.
Unions régionales des professionnels de santé.
En outre, les responsables syndicaux du Cnps se concerteront à propos du « serpent de mer » des unions régionales de professionnels de santé (Urps). Faut-il les créer, comme l'avaient envisagé provisoirement les députés à l'été 2004 ? Pour quelle finalité et selon quelles modalités ? « Rien que sur le mode de désignation (élection ou pas) et de représentation, la synthèse est plus difficile à faire qu'au Parti socialiste ! », ironise Dino Cabrera.
Après des débats sûrement toniques, le Cnps se réunira demain en assemblée générale et renouvellera dans la foulée son conseil d'administration. Quant au nouveau bureau du Cnps, il ne sera sans doute pas élu avant la mi-décembre.
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