Vous reprenez l’appellation « développement professionnel continu » (DPC). Vous convient-elle ?
Bernard Ortolan. Nous sommes contents que les inspecteurs de l’Igas aient abordé le problème du développement professionnel continu qui nous semble enfin devoir clarifier les deux dispositifs, FMC et EPP, en les mettant dans un nouveau dispositif, et sans distinguer celui qui serait le plus opérationnel ou le plus susceptible de modifier les comportements, ce que rien aujourd’hui ne permet d’affirmer. Nous sommes contents de cette évolution qui doit concerner toutes les spécialités, tous les statuts d’exercice, avec néanmoins des spécificités : il faut que les gens se forment, non dans ce qui leur fait plaisir, mais dans ce qui permet d’améliorer leur pratique. Nous apprécions aussi que l’Igas estime le barème comme une bonne chose, et que le garder est s’assurer d’un instrument de mesure utile. Même si nous sommes ouverts à des modifications de ce barème.
Vous affirmez votre volonté de voir les orientations nationales et les thèmes prioritaires décidés par la profession ?
B.O. Le rapport de l’Igas souligne que les thèmes prioritaires n’ont pas produit beaucoup d’effets… C’est un mauvais procès, car nous n’avons pas le recul suffisant pour mesurer véritablement ce qui a été fait dans ces domaines et ce que cela a produit comme amélioration de pratique. Mais nous sommes tout à fait prêts à examiner d’autres thèmes nécessaires pour modifier les comportements et améliorer le service rendu au patient dans des pathologies chroniques et lourdes. Il nous semble nécessaire d’impliquer dans ce choix les collèges de bonnes pratiques professionnelles. C’est à ce niveau-là que chaque discipline pourra dire quelles sont les zones d’ombre et les gisements de productivité. À partir de là, nous pourrons construire, avec la HAS, les recommandations manquantes, et ensuite, des protocoles d’évaluation et de formation sur ces recommandations nouvelles.
Concernant le financement, vous affirmez la nécessité de la transparence, mais encore ?
B.O. Nous souhaitons continuer à délivrer les agréments et les rendre encore plus transparents, indépendants, en ayant des comités d’experts externes que nous pourrions financer sur une ligne budgétaire dédiée prise sur le fonds. Nous sommes donc contents de voir revenir ce fonds. Mais comment sera-t-il abondé ? L’Igas ne propose que de prendre l’argent de l’OGC et celui du FAF, celui des salariés et des hospitaliers. Nous pensons que le fonds doit être diversifié, mais nous n’avons guère d’autre idée. Si l’on décide de l’abonder avec de l’argent pris ça et là, il faut que cet argent soit fléché, et que donnent au pot commun des gens qui jusqu’à présent n’y ont pas contribué : l’assurance-maladie complémentaire, par exemple, l’industrie pharmaceutique, et pourquoi pas, l’industrie agro-alimentaire, pour ne pas taxer la seule industrie pharmaceutique. Avec un financement plus diversifié, nous ne serions pas suspectés d’être sous la suggestion des laboratoires.
Dans ce schéma, quelle est, selon vous, la place de la HAS ?
B.O. Je voudrais bien que tout le monde soit d’accord sur qui fait quoi. Ou le futur CNDPCM est un conseil fantoche et sans pouvoir, ou il a de vraies missions et un vrai rôle politique. Nous revendiquons que la composition de ce conseil soit bien faite de représentants de la profession, plus les collèges professionnels, des représentants des assurés, l’Uncam. Comme conseil, ou la HAS reste à l’extérieur, ou elle est dedans. Nous sommes plutôt favorables à ce qu’elle soit à l’intérieur, mais avec voix consultative, et non délibérative, puisque, par ailleurs, elle arrive avec sa voix d’expertise. C’est à nous de veiller à l’organisation des opérations, à la délivrance des agréments, leur suivi, leur renouvellement, la validation des opérations, les crédits, en FMC comme en EPP. En amont, la HAS labellise et valide les référentiels, les recommandations et les pratiques pertinentes, en concertation avec les collèges professionnels de bonnes pratiques. En aval, elle seule peut faire de l’analyse d’impact : quel changement de comportement produit, quelle amélioration des pratiques, et du service rendu au patient ?
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