DE NOTRE CORRESPONDANT
EN OCTOBRE DERNIER, Pierre Gustin, alors directeur général du CHU de Nantes, et l'agence régionale de l'hospitalisation de Bretagne (ARH) avaient demandé au ministère de la Santé de mener une mission d'appui et de conseil sur le CHU de Nantes, qui connaissait de grandes difficultés. Il s'agissait alors, précisait la direction de l'établissement il y a quelques jours, de «proposer un diagnostic comptable clair permettant d'identifier les conditions de retour à l'équilibre (financier : NDLR) et de réalisation des nombreux et nécessaires projets de modernisation du CHU pour les dix prochaines années». Il est vrai que le déficit pour 2007 est impressionnnant et atteindrait 31,5 millions d'euros.
Après avoir été présenté aux instances de l'établissement début avril, le rapport – en tout cas ses grandes lignes – a été rendu public le 15 avril.
Première conséquence immédiate : le 22 avril, un communiqué du CHU annonce le départ de Pierre Gustin. Départ volontaire pour l'intéressé, limogeage si l'on en croit la CGT.
Que s'est-il passé pour en arriver là, alors que le CHU connaît depuis plusieurs mois un développement fort avec notamment des travaux d'envergure ?
Alors que Pierre Gustin lui-même, comme cela est souligné dans le communiqué de la direction annonçant son départ, a contribué à dresser ce difficile état des lieux de l'établissement ?
Menaces sur l'emploi ?
Le rapport de la mission souligne plusieurs dysfonctionnements.
Il confirme, d'emblée, que la situation financière de l'établissement est préoccupante. Il note que les difficultés se sont aggravées au fil des ans, «progressivement depuis le début des années 2000» ; encore directeur, Pierre Gustin soulignait, lui, le 15 avril, que la situation financière était «précaire depuis de nombreuses années» et s'est «brutalement dégradée dans le courant 2007, malgré des coûts de fonctionnement plutôt inférieurs à la moyenne des établissements comparables».
Pour expliquer cet état de fait, le rapport dit admettre que le CHU de Nantes est «moins doté que d'autres depuis longtemps». Pour la CFDT jointe, cette situation date même de 1996.
La mission estime que «cette inégalité de traitement, qui persiste avec la T2A, doit se réduire peu à peu jusqu'à disparaître en 2012».
Autre explication sous-entendue : la maîtrise des dépenses, qui, selon le rapport, doit «passer aussi par une maîtrise des dépenses du personnel», tout en ajoutant que «cela ne signifie pas un plan social, ni un plan de licenciement».
Parmi les propositions mises en avant par la mission, on peut relever cette idée de créer un groupe de travail pour «étudier les coûts et le montant des financements des missions d'intérêt général confiées et rémunérées par l'Etat, poste qui est aujourd'hui largement déficitaire dans le budget du CHU». Mais, note encore le rapport, «le développement des recettes de proximité, la remise à niveau de l'équilibre budgétaire des missions d'intérêt général, les efforts de réorganisation et la maîtrise des dépenses ne suffiront pas. Ils moderniseront les organisations, mais ils ne dégageront pas les moyens suffisants pour moderniser les infrastructures. Pour cela, les projets architecturaux et informatiques auront besoin d'être soutenus par l'État, notamment dans le cadre du plan Hôpital 2012».
Les projets de développement du CHU seront-ils revus à la baisse alors que le contexte local est fortement concurrentiel avec un secteur privé qui s'est profondément réorganisé ?
En attendant des réponses, les syndicats regroupés en intersyndical ont lancé un appel à la grève lundi 28 avril, c'est-à-dire le jour du premier conseil d'administration du directeur général par intérim, Daniel Moinard, ancien directeur général du CHU de Toulouse et ancien président de la conférence des directeurs de CHU, de 2001 à 2004.
«Nous ne voulons pas empêcher la tenue du conseil d'administration, explique Odile Vieillé, secrétaire adjointe de la section CFDT du CHI, car nous voulons éviter que l'établissement soit mis sous tutelle. Mais nous nous mobilisons pour que la direction comprenne que l'on n'acceptera pas que les personnes contractuelles voient leur contrat stoppé en septembre, comme le laissent entendre déjà nos cadres supérieurs, et que nous sommes opposés à l'éclatement de la MCO, de la psychiatrie, de la gériatrie et de la rééducation en plusieurs secteurs indépendants, comme le préconise le rapport qui vient d'être rendu.»
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature