De notre correspondante
Jumelée de longue date avec la ville de Safed, en Israël, Lille s'est rapprochée en 1998 de Naplouse, en Cisjordanie, avec l'idée de développer des échanges tripartites entre les trois villes.
La première manifestation concrète de ce rapprochement touche au domaine de la santé : depuis quelques mois, des médecins du centre hospitalier régional et universitaire (CHRU) de Lille coopèrent avec leurs homologues de Naplouse. Et ils recevront bientôt à Lille des praticiens israéliens et palestiniens pour les premières rencontres médicales pour la paix.
Des conventions de partenariat existent déjà entre le CHRU de Lille, l'hôpital Sieff de Safed et l'hôpital Rafidia de Naplouse. Après les lourdes destructions d'avril 2002, les relations se sont intensifiées avec Naplouse : fin septembre, un gynécologue et un anesthésiste de l'hôpital Jeanne-de-Flandre, à Lille, se sont rendus sur place avec Régis Garrigue, urgentiste lillois et membre de l'association Médecins du Monde, pour identifier les priorités. « Avant le conflit, l'hôpital assurait 8 000 naissances par an. Aujourd'hui, avec la désorganisation du pays, les femmes ne sont plus suivies durant leur grossesse, et la plupart sont contraintes d'accoucher à domicile, avec les risques que cela comporte », explique Jean-Philippe Lucot, gynécologue.
De retour à Lille, les médecins essaient de mettre en place, avec la ville de Naplouse, un dépistage des grossesses à risques et une orientation vers l'hôpital pour les cas les plus lourds. Mercredi, la directrice du dispensaire et l'adjoint au maire chargé de la santé, tous deux médecins, faisaient partie de la délégation reçue à Lille : avec leurs confrères
de Safed, ils ont visité les installations de la maternité Jeanne-de-Flandre, notamment les urgences pédiatriques et le service de néonatalogie.
Loin du contexte explosif dans lequel vit la région, ces frères ennemis sont venus, en tant que médecins, à l'invitation de confrères lillois. Réunis par le même souci d'oeuvrer pour leur population.
Premières conférences médicales de la paix
Une visite impensable il y a seulement quelques mois. « Cette rencontre est exceptionnelle, se réjouit Régis Garrigue, l'une des chevilles ouvrières du projet ; aujourd'hui les contacts sont noués, la confiance est installée. Nous pouvons travailler. »
Prochaine étape : l'organisation à Lille des premières conférences médicales de la paix. Durant trois jours, médecins israéliens, palestiniens et lillois échangeront leurs expériences et leur savoir-faire. Une rencontre, elle aussi, exceptionnelle. La première journée permettra à chaque ville de présenter sa thématique propre : Lille exposera son savoir-faire en matière de SAMU et de régulation des urgences, Naplouse son expérience dans le domaine de la natalité et l'accouchement, et Safed, la cancérologie ambulatoire développée par un hôpital général.
Les autres journées seront consacrées à des débats en ateliers, sur la formation des médecins, l'anesthésie et la mise en réseau. Une façon d'amorcer, sur le terrain consensuel de la santé, un rapprochement pour la paix.
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