Thérapies d'antan
« Le chou fut en usage et même en vénération parmi les hommes dès la plus haute antiquité (...) Il était considéré comme un remède précieux », indique « la Gazette de médecine » du 10 juin 1865.
Hippocrate, qui le considère comme capable d'évacuer la bile, le prescrit, cuit avec du miel, dans la colique et dans la dysenterie. Les Athéniennes mangent du chou pendant qu'elles sont en couches.
Pour Caton l'Ancien, le chou remplace la médecine et les médecins, « qu'il haïssait autant que Carthage ». Il est persuadé que c'est grâce au chou que toute sa famille a été préservée de la peste qui a ravagé Rome.
Pline évoque l'efficacité du chou dans plusieurs maladies et particulièrement dans la goutte. « Il est certain que le goutteux qui cessait de se gorger de viande et de vin, pour vivre uniquement de légumes, parmi lesquels le chou tenait le rang principal, devait en éprouver un certain bénéfice », relativise « la Gazette de médecine ».
Pour Galien, le chou guérit la lèpre et d'autres maladies. Selon lui, la première décoction lâche le ventre et la seconde le resserre. Quant à Aristote, comme presque tous les autres philosophes naturalistes et médecins de l'Antiquité, il attribue au chou le pouvoir de prévenir et de combattre l'ivresse (notion qui sera ensuite démolie par Montègre et par Chaumeton).
Bref, l'engouement pour le chou est si grand qu'on va jusqu'à attribuer aux urines de ceux qui en mangent le pouvoir de guérir les dartres, les ulcères, les fistules, les cancers...
Antiscorbutique
Au milieu du XIXe siècle, l'enthousiasme est beaucoup plus mesuré. « Le chou n'est plus considéré aujourd'hui, au point de vue médicamenteux, que comme un agent légèrement excitant, antiscorbutique et pectoral. Encore est-il plutôt, comme excitant et antispasmodique, un agent de l'hygiène qu'un agent de la thérapeutique. »
Selon Desbois et Rochefort, le chou doit, avec le navet, constituer la principale nourriture des scorbutiques.
Dans son traité de chirurgie traduit par Pigné, Chélius « conseille contre la croûte laiteuse (impétigo) la décoction de 16 grammes de chou vert administrée matin et soir dans du lait, ou bien 30 grammes de poudre de cette plante desséchée et réduite en poudre, qu'on donne chaque jour dans du lait et de la bouillie ».
On administre aussi la décoction de chou dans les catarrhes pulmonaires, l'enrouement, diverses toux et la phtisie. Elle se prescrit sous forme de bouillon pectoral, préparé avec le veau, le poulet, les limaçons, la tortue, les écrevisses, les grenouilles. On peut aussi la donner additionnée de gomme édulcoré au sucre ou au miel ou encore en sirop ou en marmelade. « M. Cazin rapporte qu'une dame de 47 ans, atteinte de bronchite chronique, fut inutilement traité par lui, pendant plusieurs mois, avec les moyens les plus rationnels. On conseilla à cette dame de prendre, matin et soir, une jatte de soupe aux choux verts et de manger en même temps ceux-ci : elle guérit en moins de deux mois. »
Lobb estime que la décoction de chou est capable de dissoudre les calculs urinaires ; pour Cazin, elle apporte un soulagement dans la gravelle. Selon Hoffman, le suc mielleux qui coule de la tige du chou, si on l'incise à l'automne, a des propriétés laxatives et Pauli estime que ce suc peut guérir les verrues. D'ailleurs, Geoffroy rapporte le cas d'une servante qui, par ce moyen, a fait disparaître en quatorze jours les verrues dont elle avait les mains couvertes.
Au début des années 1860, ce sont les feuilles de chou qui sont utilisées en topique. « En les appliquant chaudes sur la poitrine, on a quelque fois diminué ou dissipé les douleurs pleurodyniques et même les points de côté se rattachant à la pleurésie. Ces feuilles provoquent une abondante exhalation séreuse locale ; c'est ce qui fait que l'on peut les employer utilement sur des vésicatoires qui tendent à se sécher inopportunément, sur des ulcères qu'on veut déterger, sur la tête quand on veut y rappeler un impétigo dont la disparition a paru désavantageuse. »
Dans la teigne rebelle, Hufeland conseille d'appliquer trois fois par jour des feuilles de chou ; après la chute des croûtes, on termine le traitement par des frictions huileuses.
Cataplasmes
« On trouvera dans la première année de la "Santé universelle", tome I, page 50, sous le titre de "remèdes à bon marché", des remarques sur les excellents effets produits par les feuilles du chou en cataplasme. » Trois observations de succès sont rapportées dans le « Journal des connaissances médico-chirurgicales » (mai 1848, Dr Martin-Lauzier) : lombago métastase de douleurs goutteuses ; pleurodynie ; arthrite chronique du genou.
Si ces cataplasmes sont utilisés surtout dans les douleurs rhumatismales, on les a également employés « sur la mamelle pour prévenir ou diminuer l'inflammation de ces organes, pour dissiper les engorgements qui surviennent à la suite de couches et pour s'opposer à l'accumulation du lait chez les femmes qui n'allaitent pas ».
Un saut dans le présent
Les études récentes confirment l'intérêt du chou pour la santé. Il contribue efficacement à la couverture des besoins vitaminiques, en particulier A, C, E et B9 (acide folique), et est une bonne source de minéraux (calcium et magnésium). Sa consommation est corrélée avec une moindre incidence des cancers du côlon et du poumon, grâce à sa richesse en vitamines et en fibres et à la présence de substances soufrées spécifiques. Via la vitamine E, le chou rouge protégerait contre la maladie de Parkinson. Enfin, c'est un atout dans les régimes puisqu'il calme l'appétit avec un apport calorique réduit (environ 25 kcalories pour 100 g).
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