Dr Perle Bodossian
Le potentiel des donneurs en état de mort encéphalique, source essentielle des organes en France, est limité à terme : c’est l’une des conséquences de l’efficacité des campagnes de prévention en termes d’accidentologie et de maladies cardio-vasculaires. Les seules marges de manœuvre sont surtout liées à la réduction du taux des refus de don, qui représente de façon stable depuis plus de 10 ans un peu plus de 30% des morts encéphaliques recensées. Que peut-on faire ?
Informer les jeunes adultes
Pour Patrice Guerrini, il faut développer davantage l’information et la formation de l’ensemble des personnels de santé impliqués dans la chaîne des donneurs potentiels et améliorer les connaissances du grand public pour qu’il se prononce sur le don et en fasse part à son entourage. « Le médecin généraliste a un rôle de 1er plan à jouer ici, d’autant que la loi de bioéthique de 2004 requiert son intervention dans le cadre de l’information sur le don d’organes auprès des 16-25 ans. Certes, il peut sembler difficile d’informer d’entrée de jeu sur le don d’organes de jeunes adultes se présentant pour un tout autre problème. Mais le mouvement de solidarité déclenché par la mort du chanteur Grégory Lemarchal (multiples connections sur le site de l’Agence, demande de cartes de donneurs auprès de diverses associations, …) a démontré à quel point de jeunes gens peuvent se sentir concernés par le don et la greffe ; or, ces mêmes jeunes considèrent que pour tous les problèmes touchant au corps ou à la personnalité, le meilleur interlocuteur, car neutre et renseigné, est le médecin traitant… Ce type d’échange avec leur généraliste suscitera sans doute des discussions familiales qui, en cas d’accident, ne pourront qu’aider les parents à se positionner face à la douloureuse éventualité d’accepter un prélèvement ».
Développer les dons vivants
En France, la plupart des organes sont prélevés sur des donneurs décédés après un accident vasculaire cérébral, un traumatisme crânien ou un arrêt cardiaque. Il s’agit donc de dons cadavériques, le patient étant en état de mort encéphalique, que son cœur soit arrêté ou pas. Les prélèvements sur donneurs vivants sont très minoritaires : en 2008, seulement 5% des greffes ont été réalisées grâce à des donneurs vivants. Elles concernent essentiellement le rein. « Force est de reconnaître l’insuffisance de portée des campagnes en cours, déplore Alain Tenaillon. Cette médecine solidaire a besoin d’un nouveau souffle, d’une réaffirmation de nos positions éthiques. Faire de la greffe et du don une priorité et une cause nationales, c’est magnifique. Encore faut-il respecter cet engagement, et concrétiser ce choix sociétal par des mesures politiques réelles, notamment pour favoriser le développement des donneurs vivants… »
Encadré Vers une « Europe des dons d’organes et greffes » ?
Procédures et protocoles de prise en charge différents, systèmes de santé à géométrie variable…La réflexion est en cours, mais la tâche très complexe. Il existe déjà une forme de coopération transfrontalière. Si un greffon ne trouve pas preneur en France, il est proposé à d’autres pays européens ; c’est notamment le cas pour les morphologies particulières (enfant) ou les groupes sanguins rares, comme le groupe AB.
Dans la marge (si possible)
Coût d’une greffe de rein : 8000 euros
Coût d’un patient sous dialyse : 60 000 euros/an
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature