Coup sur coup, deux éminentes instances énoncent des avis sur des enjeux liés au vieillissement, alors même qu’Agnès Buzyn communique sur des mesures d’aide aux Ehpad. Aurions-nous enfin compris que nous devons penser à nos aînés ? Le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) s’inquiète des conditions du vieillissement en France. Et la HAS émet des recommandations sur le parcours de soins des personnes atteintes d’Alzheimer. Sans avoir été a priori conçues pour former un corpus de pensée homogène, les conclusions du CCNE et de la HAS se répondent pourtant.
D’un côté, le CCNE nous invite à repenser notre façon de vivre ensemble pour permettre une meilleure inclusion des personnes âgées et alerte sur la question de leur « concentration » dans les Ehpad qui génère des situations parfois indignes. Leur mise à l’écart relèverait d’une dénégation collective de ce que peut être la vieillesse, la fin de vie et la mort. Et au prétexte d’une sécurité bienveillante, l’institutionnalisation se fait trop souvent sous la contrainte. Le CCNE prône de nouvelles formes de solidarité et une diversification de l’offre d’accompagnement de la dépendance. De l’autre, la HAS structure les aides à la dépendance. En appelant au diagnostic précoce de la maladie d’Alzheimer – non pour proposer un traitement qui enrayerait la maladie puisque dans le même temps elle promeut son déremboursement – elle veut offrir aux malades la possibilité d’élaborer en conscience, avec leurs proches, des stratégies en vue de leur future dépendance.
En ce sens, il est heureux que la révision de la loi de bioéthique ne prévoie rien sur l’euthanasie. S’il semble que le sujet ait été beaucoup évoqué lors des débats des États généraux en prévision de la loi, légiférer trop tôt aurait risqué de court-circuiter toute possibilité d’évolution de la réflexion. À considérer l’individualisme de notre société, comme le suggère le CCNE, il n’y a qu’un pas à franchir avant que l’euthanasie devienne une solution à la dépendance faute de choix véritable. Après tout, pour paraphraser la philosophe Cynthia Fleury, vieillir, c’est encore ce qui peut arriver de mieux à chacun d’entre nous.
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