FACE AU SUCCÈS grandissant de l'exercice en groupe (le nombre de médecins concernés a crû de 18 % entre 2000 et 2003), la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) du ministère de la Santé a mené l'enquête pour connaître le profil des médecins libéraux qui, pour des motifs bien connus de diminution du coût de fonctionnement du cabinet, d'acquisition facilitée d'équipements lourds, de souplesse en matière de conditions et de temps de travail..., choisissent de ne pas travailler seuls (1). Avec la Caisse nationale d'assurance-maladie (Cnam), la Drees a interrogé 2 857 médecins libéraux entre décembre 2001 et juillet 2002.
Au total, ce sont plus de 4 médecins sur 10 (44 %) qui exercent en groupe, tandis que 11 % partagent par ailleurs leurs locaux avec d'autres professionnels. Mais le taux d'exercice en groupe varie fortement avec les spécialités, allant de 15 % chez les psychiatres à 80 % chez les radiologues. Une hétérogénéité en grande partie liée à la plus ou moins grande technicité des actes réalisés (voir tableau). Pour expliquer le choix de l'exercice en groupe, le partage des coûts et l'utilisation d'équipements onéreux paraissent déterminants, sauf dans le cas des anesthésistes, qui talonnent les radiologues mais sont, eux, motivés par le mode d'organisation (en équipe) de leur travail.
Les chiffres varient par ailleurs avec la géographie : globalement, les médecins libéraux exercent plus fréquemment en groupe en Ile-de-France, dans l'Ouest ou dans le Centre-Est - trois régions où les taux vont de 49 % à 57 % - que dans le Nord (29 %), dans l'Est (33 %) et dans le Sud (38 %). L'âge pèse également dans la balance car les médecins exerçant en groupe sont en moyenne plus jeunes (48 ans) que les autres (plus de 50 ans). Un constat qui, selon la Drees, ne doit pas être analysé trop hâtivement : « Le développement important de l'exercice de groupe étant un phénomène récent, cet effet d'âge pourrait révéler un phénomène de génération. »
Des honoraires supérieurs.
Quand ils s'installent, les médecins qui exercent en groupe créent un cabinet pour un tiers d'entre eux, intègrent une structure déjà existante pour un second tiers et, pour un dernier tiers, achètent une clientèle. Sauf dans les spécialités techniques et la radiologie, ils sont moins souvent propriétaires de leur cabinet (45 %) que ceux qui n'exercent pas en groupe (53 %). En revanche, les honoraires qu'ils perçoivent sont significativement supérieurs (164 600 euros contre 119 700 euros, honoraires totaux moyens perçus en 2001 et 2002), mais le différentiel observé reflète aussi les écarts d'honoraires entre spécialités très ou peu concernées par l'exercice en groupe. Toutefois, toutes choses égales par ailleurs, les honoraires perçus par ceux qui font le choix du groupe seraient de 14 % supérieurs à ceux des autres médecins.
Autre avantage de l'exercice en groupe : l'emploi de personnel. Logiquement, les médecins exerçant en société emploient en moyenne plus souvent du personnel que les autres : 16 % d'entre eux seulement n'emploient aucun salarié (contre 53 % parmi les médecins à exercice « isolé ») et 58 % en emploient au moins deux (contre 11 %). Les radiologues constituent un cas à part : 81 % de ceux qui exercent en groupe emploient au moins deux personnes par associé, contre 9 % seulement de l'ensemble des médecins.
Au sein d'un cabinet de groupe, quel est le profil des associés ? Environ un quart des médecins concernés ont des associés de disciplines différentes de la leur. Sur ce terrain encore, les radiologues se distinguent : 38 % d'entre eux exercent dans des groupes comportant au moins six associés, essentiellement des médecins.
Enfin, la forme juridique qu'adoptent les médecins libéraux pour travailler ensemble a évolué avec le temps. Les sociétés civiles de moyens (SCM), qui continuent de représenter les deux tiers des groupes, sont peu à peu grignotées par les sociétés de fait (SDF, 13 % du total) et par les sociétés civiles professionnelles (SCP, 8 % - elles permettent l'intégration des cabinets dans une société et sont plutôt privilégiées par les spécialistes pratiquant beaucoup d'actes techniques). Les radiologues, encore eux, constituent souvent des sociétés d'exercice libéral (SEL, grâce auxquelles ils peuvent à la fois mobiliser des capitaux, accéder au statut de salarié et bénéficier de déductions fiscales pour les capitaux investis).
(1) Sophie Audric, « L'exercice en groupe des médecins libéraux », Drees, « Etudes et Résultats » n° 314.
Le mode d’exercice par catégories |
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Champ : ensemble des médecins (hors ceux exerçant en établissement autre que clinique privée). Source : enquête Drees-Cnamts sur l’organisation en groupe des médecins. |
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