L'OPPOSITION A ETE galvanisée par sa victoire aux régionales et aux cantonales. Elle combat avec vigueur les projets du gouvernement, bien qu'il se soit ravisé très vite sur les chercheurs et qu'il s'apprête à améliorer le statut des intermittents du spectacle.
On a assisté, par exemple, à propos de la décentralisation, à une levée de boucliers d'autant plus vive que, même à droite, le projet si cher à M. Raffarin est contesté, notamment par les nostalgiques du jacobinisme. C'est ainsi que le président de l'Assemblée nationale, Jean-Louis Debré, qui se réfère en permanence aux sources du gaullisme, dénonce l'application des thèses libérales et réclame une action plus sociale du gouvernement, alors même que le Premier ministre est amené, en période de vaches maigres, à augmenter les dépenses pour satisfaire de multiples revendications.
CES REFORMES, MÊME LA GAUCHE DEVRA LES FAIRE UN JOUR
Sarkozy comme un poisson dans l'eau.
Bien entendu, celui qui se sent le plus à l'aise, c'est toujours Nicolas Sarkozy, qui dirige aujourd'hui le ministère de l'Economie et des Finances comme s'il l'avait fait toute sa vie et ne craint pas d'annoncer quelques milliers de suppressions d'emplois aux impôts (il s'agira seulement de ne pas remplacer des départs en retraite).
M. Sarkozy se présente aussi comme un homme qui sera d'une extrême rigueur en ce qui concerne les cordons de la bourse, idée qui entre en collision avec les innombrables dépenses sociales que la défaite électorale de la droite a rendues impératives.
Aussi le tableau postélectoral est-il plutôt sombre : une opposition regonflée à bloc qui ne facilitera pas l'application du programme du gouvernement ; un Premier ministre qui ne parvient pas, malgré le temps qui passe, à retrouver le respect des partis et de ses concitoyens ; une droite très divisée non seulement parce que l'UDF ne participe pas au gouvernement, mais parce que les diverses tendances de l'UMP font des interprétations contradictoires des vœux du chef de l'Etat.
Instructions incompatibles.
Après avoir dit ce qu'il allait faire pour calmer le jeu social, le président est retombé dans le silence, alors que ses amis les plus proches souhaitent qu'il prenne en mains les affaires intérieures. Il lui était certes plus facile de donner à François Fillon et à Nicolas Sarkozy des instructions incompatibles : si on satisfait les revendications, il faut plus d'argent et si on doit à tout prix réduire les déficits publics, on ne peut pas faire du social.
Que sur cette équation insoluble se greffe une bataille idéologique droite-gauche, et pis, droite-droite, est tout à fait dérisoire. La question ne se pose plus comme la pose Jean-Louis Debré ; elle ne porte pas sur un choix entre le social et le libéral ; il s'agit, pour le gouvernement, de faire la politique de ses moyens. On peut augmenter les dépenses sociales, maintenir des emplois dans la fonction publique, donner aux intermittents du spectacle un statut généreux, éviter les heurts à l'éducation, augmenter le Smic, baisser le prix de l'électricité pour les foyers pauvres (ces deux dernières mesures ont été annoncées par M. Raffarin) ; mais dans ce cas, il faut sacrifier d'autres postes budgétaires. Lesquels ?
La nostalgie du gaullisme.
Aussi les critiques en provenance des gaullistes purs et durs semblent-elles un peu faciles, surtout lorsqu'elles sont assorties de considérations sur les origines de M. Raffarin qui, en somme, vient de la giscardie et n'est gaulliste que par hasard.
Ce genre de débat est étrange dans un pays qui souffre cruellement du manque de croissance, et superficiel dès lors que les comptes ne sont pas bons.
Si M. Raffarin a échoué, c'est parce qu'il a engagé des réformes dans un contexte de stagnation économique qui ne lui accordait aucune marge. Il ne pouvait pas vaincre l'adversité. Et ajouter les souffrances de l'austérité à celles du chômage ou d'une mauvaise qualité de vie, c'était peut-être mettre le feu aux poudres.
Ces réformes, nous en avons pourtant besoin, et si elles devaient être différées, elles ne pourraient pas être supprimées. Elles sont tellement indispensables que, si la gauche s'emparait du pouvoir, il faudrait qu'elle les fasse.
Encore une fois, le problème est financier, budgétaire, il est dans un système qui n'a pas vraiment changé depuis longtemps et qui doit s'adapter aux modes de production nouveaux, aux échanges nouveaux, au monde tel qu'il bouge.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature