AUX JOURNÉES nationales de la Société de médecine périnatale à Marseille, son stand n'a pas désempli de néonatologistes enthousiastes. Et il a déjà eu les honneurs de TF1, M6 et Canal +. Tout ça pour un chausson de bébé ! Mais pas n'importe lequel. «S'il ne s'agit pas d'une révolution, comme on a pu l'entendre, tient à préciser le Dr Yves Rimet, référent néonatologie du service de pédiatrie au CH d'Aix-en-Provence, qui a été le premier à le tester, le chausson BBA apporte un concept ergonomique et fonctionnel nouveau qui concerne, rien qu'en France, des milliers de nouveau-nés et de nourrissons.» Et va changer leur vie et celle de leurs parents.
BBA comme bébé Anaïs. Le chausson a déjà une histoire. Celle d'une rencontre il y a trois ans entre un médecin ingénieur, le Dr Jean-Luc Weber, président de la Société Tam -Télésanté (voir encadré), qui faisait une démonstration sur les vêtements intelligents à un congrès, et un représentant de la fondation Anaïs Dumanois, fondation créée sous l'égide de la Fondation de France en souvenir d'une petite fille décédée à 4 mois de mort subite de nourrisson. «Pouvez-vous réaliser un vêtement intelligent pour bébé?»Le projet BB-Anaïs était né. Pour la surveillance à domicile des nouveau-nés présentant un risque de décompensation respiratoire brutale, objectif de la fondation, mais aussi pour le suivi permanent des prématurés (20 000 par an) et des nouveau-nés en milieu hospitalier. Le chausson s'est imposé car il est facile à mettre.
Capteurs et alertes.
Le système se compose en fait du chausson BBA proprement dit (modèle coque – comme l'intérieur des chaussures de ski – pour les nouveau-nés et modèle textile à scratch pour les nourrissons de 1 à 6 mois), d'un boîtier de réception et de traitement et d'un dispositif d'alerte. Les capteurs (mesure de l'oxymétrie de pouls et de la fréquence cardiaque et capteur de position) sont glissés dans la semelle du chausson, qui est à usage unique. Les mesures sont transmises à un boîtier distant (jusqu'à 4 mètres) dont les cartes électroniques récupèrent les données, les traitent, les enregistrent et les transmettent à un dispositif d'alerte (style bipeur) porté par la personne chargée de surveiller le ou les enfants et qui peut se trouver six étages au-dessus. Les alertes sont signalées par une diode et sur l'écran : fonction normale, alerte physiologique, alerte technique pour indisponibilité du système. Le dispositif peut surveiller plusieurs enfants. La mesure de la position du bébé (accéléromètre) a permis d'éviter les fausses alarmes.
«Il ne s'agit pas de remplacer le monitorage classique, mais de le compléter ou de s'y substituer dans certains cas, souligne le Dr Rimet. Les grands prématurés, par exemple, ont besoin au début d'un monitorage sophistiqué avec dix pistes. Mais dans la phase finale d'élevage, le chausson dissimulé dans le Babygro va permettre aux parents de prendre leur bébé dans les bras.» Le bébé sort de sa «forteresse technologique» et le contact maternel est rétabli.
Autre exemple, lorsque l'on vaccine des anciens prématurés, on a l'habitude de surveiller leurs réactions à l'hôpital pendant 48 heures. Avec le système BBA, leur mère pourrait les reprendre au bout de 24 heures. C'est ce que le Dr Weber appelle « apporter sa contribution à la médicalisation dégressive».
Une application peut également être trouvée dans la surveillance des nouveau-nés pendant les deux premières heures. Elle est habituellement clinique, mais lorsque la sage-femme est débordée et ne peut compter sur la mère, le chausson est une solution.
Enfin, bien sûr, il y a la surveillance à domicile des nourrissons à risque. Le système BBA pourrait être loué sur prescription médicale.
Pour le moment, le chausson n'est pas encore commercialisé. Le coût de l'ensemble devrait se situer entre 1 000 et 2 000 euros. La version définitive va faire l'objet d'une dernière phase d'évaluation ergonomique dans 20 centres hospitaliers à partir de décembre. Ensuite, il faudra envisager la production industrielle. Car, jusqu'à présent, chaque chausson a été réalisé, j'allais dire tricoté, à la main.
TAM-Télésanté
TAM-Télésanté a été fondée en 1995 par Jean-Luc Weber, qui a une double formation d'ingénieur (SupAéro) et de médecin généraliste (qui pratique toujours régulièrement). Objectif : déployer des services opérationnels de téléassistance médicale aux patients vivant à domicile, en centre de long séjour ou en situation à risque.
Outre le chausson BBA, la société a mis en place un service de télésurveillance tensionnelle Pressolink SMS qui a été utilisé par 6 000 patients pour un bilan. Le patient fait des séances d'automesure 10 minutes par jour pendant quinze jours avec le tensiomètre. Et son médecin reçoit les informations (écart-type) par SMS.
Le Dr Jean-Luc Weber est expert à la CEE dans le secteur de l'innovation biomédicale et a participé à nombre de transferts de technologies biomédicales vers l'industrie (implants cochléaires, moniteur de perfusion, télémonitoring, surveillance de maladie chronique).
TAM-Télésanté est située à Aix-en-Provence : www.tamtelesante.com, tam@tamtelesante.com, tél. : 04 42 97 11 11.
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