En Irak, l'après-guerre est pire que la guerre ; les services essentiels ne sont pas rétablis ; les deux armées de la coalition sont confrontées à des attaques, des attentats, des sabotages ; et le nombre de morts dans le camp anglo-américain ne cesse de croître.
Un « expert » français rentré de Bagdad affirme sur le ton le plus sérieux du monde que les Américains entretiennent à dessein le désordre, pour retarder le jour où il faudra créer des institutions démocratiques. Contre-vérité absolue : dans cette affaire, M. Bush et M. Blair jouent leur peau politique. Six soldats britanniques, chargés d'assurer l'ordre, ont été lynchés la semaine dernière. Ce n'est pas sur ce genre de bilan que le Premier ministre britannique ou le président américain peuvent asseoir leur popularité.
La vérité est tout autre : le secrétaire à la Défense, Donald Rumsfeld, a fait le pari que l'Amérique pouvait gagner une guerre avec des effectifs réduits : 250 000 hommes pour la deuxième guerre du Golfe contre 550 000 pour la première. Il a gagné ce pari et fait une guerre « à bon marché », si l'on peut dire.
Mais pour rétablir l'ordre - et les services -, il faut infiniment plus de monde. C'est tout simple : M. Bush n'a pas le budget ou en tout cas espère ne pas devoir le demander au Congrès. Dans cette période de confusion et d'hésitations, Paul Bremmer, le « gouverneur » américain fait ce qu'il peut avec ce qu'il a.
Politique dangereuse : non seulement les forces américaines n'ont trouvé aucune arme de destruction massive, mais elles n'ont pas trouvé Saddam Hussein. Autant nous sommes convaincus qu'Oussama ben Laden est mort, autant nous sommes persuadés que Saddam est vivant. C'est sans doute lui qui organise et conduit la guérilla irakienne qui harcèle les Anglo-Américains et détruit les oléoducs. La solution est claire : relever des troupes harassées dont le moral baisse et envoyer en Irak des troupes fraîches et plus nombreuses.
Le prix ne sera pas qu'exorbitant, il sera impopulaire, comme l'est la perte quotidienne de soldats américains. M. Bush ne peut choisir qu'entre ces deux maux. Mais il faut bien finir une guerre.
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