L'Irak de l'après-guerre traverse une crise qui conduit presque certains de ses ressortissants à regretter Saddam Hussein.
Il semblait évident que l'invasion se traduirait par une désorganisation des services, lesquels n'étaient déjà pas opérationnels du temps de Saddam. Mais la remise en ordre du pays prend trop de temps : manque d'eau et d'électricité, chômage quasi universel, menaces d'épidémies, il apparaît que les Américains ont fait la guerre beaucoup plus facilement qu'ils ne font la paix.
Peu sensibles aux critiques qui leur ont été adressées, notamment lors du pillage catastrophique du musée de Bagdad, ils n'en ont pas moins admis que le désordre durait dans les grandes villes irakiennes ; et l'émissaire qu'ils avaient envoyé pour rétablir les services, l'ancien général Jay Garner, a été désavoué. Il a été remplacé par Paul Bremer qui, aussitôt, a créé des patrouilles pour rétablir l'ordre, notamment la nuit et arrêter les Irakiens armés ou en train de chaparder.
Il lui faut maintenant reconstituer une administration. La difficulté de sa tâche est liée principalement à la nécessité d'écarter les baassistes qui ont fait régner la terreur. On a retrouvé des charniers contenant des dizaines de milliers de squelettes, qui témoignent de la brutalité du régime saddamiste. Il ne fait plus de doute aujourd'hui qu'il était temps d'évincer un dictateur aussi sanguinaire.
Malheureusement, pendant que souffrent les Irakiens, les puissances du monde continuent à faire de la politique. Les Etats-Unis ont demandé à l'ONU de lever les sanctions contre l'Irak, ce qui ne devrait être qu'une simple mesure de bon sens. Mais les pays représentés au Conseil de sécurité entendent bien démontrer à Washington que leur avis compte ; si la France a approuvé sans hésiter la levée de l'embargo sous une forme juridique ou une autre, la Russie a fait traîner les choses. Cela dit, autoriser l'Irak à exporter son pétrole en quantités massives ne veut pas nécessairement dire qu'il est capable de le faire.
Dans un premier temps, un immense effort d'assistance pour assurer vivres et médicaments aux Irakiens est indispensable et il est en cours. Ensuite, la sécurité, puis l'approvisionnement en eau et en électricité doivent être assurés. Après, il faudra bien remettre les Irakiens au travail, notamment dans les administrations.
M. Bremer semble sûr de lui et efficace. Mais il doit faire vite, parce que le fond du problème irakien, c'est le morcellement du pays en ethnies ou en religions diverses. L'Iran ne cache pas son désir d'établir une république islamiste chiite, les Américains s'y opposent. Ils n'ont pas fait cette guerre pour que le régime de Saddam soit remplacé par un gouvernement antiaméricain. Paul Bremer a donc une double tâche, logistique et politique, et, pour le moment, il ne peut compter que sur les troupes américaines, dont les effectifs sont insuffisants pour quadriller le territoire.
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