On ne touche pas à l’hôpital, on ne revoit pas grand chose de la gouvernance du système, mais on change tout sur la médecine générale ! En caricaturant un peu, on pourrait résumer ainsi la « Stratégie Nationale de santé » que Marisol Touraine a lancé en début de semaine. N’a-t-elle pas annoncé lundi rien moins qu’une véritable « révolution pour les soins primaires » ? A parcourir la presse grand public ces jours derniers, le vaste chantier ouvert par le ministère de la santé se résumait pourtant à un seul mot : tiers payant. Comme si sa généralisation en médecine de ville à l’horizon 2017, pouvait à elle seule tout chambouler…
Sur la dispense d’avance de frais, il est vrai que le scénario est précis (généralisation en 2017, avec une première étape dès 2014). Et le débat sur les vices et les vertus du dispositif bien connu. Il y a ceux, nombreux, qui pointent ses bénéfices évidents pour l’accès aux soins en période de crise. Ceux qui s’inquiètent des risques (bien réels aussi...) de dérives administratives pour les médecins ou qui brandissent le spectre de la médecine de caisse. D’aucuns évoquent encore l’argument de la dévalorisation du métier (par définition, ce qui est gratuit ne vaut rien…). Et c’est pour ne rien dire d’une éventuelle dérive inflationniste, jamais tout à fait à négliger dans un système aussi libéral que le nôtre…
Mais huit ans après l’instauration du dispositif médecin traitant qui régulait l’accès aux soins primaires, l’enjeu pour le gouvernement actuel est précisément d’encadrer davantage le parcours de soins en mettant plus de cohérence dans les trajectoires des patients. Cela passe par la case généraliste et, bien au-delà du tiers payant, suppose une forfaitisation croissante de l’activité du praticien. La feuille de route de Marisol Touraine prévoit d’instaurer progressivement cette « médecine de parcours » pour les malades chroniques, de valoriser la prévention dans l’activité du généraliste et de mettre l’accent sur le travail d’équipe et la pluridisciplinarité. Il y a là effectivement tous les ingrédients pour bouleverser à terme le cadre d’exercice du médecin de famille. Dans dix ans, que restera-t-il du paiement à l’acte et du modèle français ? Tout est affaire de dosage et d’expérimentations. Mais en politique avisée Marisol Touraine n’a pas vraiment dit pas à quel rythme et à quelles échéances, elle compte mener ce chantier. Et surtout avec quels moyens…
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature