DANS LE CADRE d'une étroite collaboration entre médecins et chercheurs de l'institut Curie, l'équipe d'Olivier Delattre [Inserm U509, institut Curie (centre de référence des tumeurs d'Ewing)] montre que l'expression du gène Igfbp-3 est très fortement réduite dans les cellules tumorales et est à l'origine d'une cascade d'anomalies dans la voie de signalisation des messagers cellulaires dépendants du facteur de croissance IGF-1. Et surtout ils indiquent que l'Igfbp-3 pourrait servir de cible thérapeutique pour bloquer la prolifération cellulaire anormale induite par IGF-1 qui, normalement, est bloqué.
Rares sont les cancers pour lesquels il existe une signature moléculaire simple, une mutation spécifique à l'origine du développement tumoral, rappellent les chercheurs de Curie. De fait, dans le cas des tumeurs d'Ewing, ils ont identifié et caractérisé (entre 1984 et 1992) deux anomalies à l'échelle chromosomique sous la forme de translocations : dans 85 % des cas, il existe une translocation entre les chromosomes 11 et 22, qui aboutit à la synthèse d'une protéine anormale EWS-FLI-1 ; et dans 10 % des cas, la translocation se produit entre les chromosomes 21 et 22 et donne lieu à la production d'une protéine anormale EWS-ERG. Uns troisième anomalie a ensuite été découverte.
Technique utilisant les ARN interférents.
Les chercheurs se sont intéressés de plus près à EWS-FLI-1 et, surtout, aux effets de cette protéine altérée sur la machinerie cellulaire. Ils ont appliqué une technique utilisant les ARN interférents pour supprimer l'expression du gène muté, puis les puces à ADN pour observer la conséquence de l'absence de la protéine altérée sur les autres gènes.
Ils ont observé 86 gènes dont l'expression est modifiée en son absence. Mais l'un d'eux, le gène Igfbp-3, s'est révélé particulier : son expression est très fortement réduite dans les cellules tumorales puis redevient normale en l'absence de la protéine EWS-FLI-1.
Le blocage du facteur de croissance IGF-1.
La protéine synthétisée par Igfbp-3 bloque l'un des messagers cellulaires les plus importants, le facteur de croissance IGF-1. On sait qu'IGF-1 contrôle plusieurs mécanismes fondamentaux tels que la prolifération cellulaire et l'apoptose. Une surexpression d'IGF-1 a déjà été mise en évidence dans certains cancers.
En résumé, les chercheurs de Curie montrent que, dans la tumeur d'Ewing, la protéine altérée EWS-FLI-1 empêche le gène IGFBP-3 de s'exprimer. Le facteur de croissance IGF-1 n'est plus bloqué et il transmet alors en continu un signal ordonnant aux cellules de proliférer.
« Molecular and Cellular Biology », vol.24, août 2004, pp.7275-7283.
Enfant, adolescent, adulte jeune
Tumeur maligne de l'os, le sarcome d'Ewing atteint l'enfant, l'adolescent et le jeune adulte jusqu'à 30 ans, avec un pic de fréquence entre 10 et 20 ans.
Il existe en France entre 50 et 100 nouveaux cas par an et c'est la deuxième tumeur de l'os la plus fréquente chez les moins de 30 ans. A point de départ dans la moelle hématopoïétique, la tumeur atteint les os plats (pelvis, vertèbres, côtes...) et les épiphyses des os longs (fémur, humérus...). C'est une tumeur à fort potentiel métastatique (poumon, moelle osseuse). En trente ans, le traitement a beaucoup évolué. On associe une chimiothérapie pour réduire la taille de la tumeur primitive et éradiquer les métastases à distance, puis une chirurgie chaque fois que la localisation de la tumeur le permet.
Une radiothérapie locale est parfois nécessaire pour compléter le traitement.
La survie sans récidive est maintenant de 50 à 70 %.
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