LE CERVEAU humain est muni d’un système sensible aux récompenses (nourriture, argent, drogues…) qui joue un rôle fondamental dans de nombreux comportements où la récompense est en jeu, comme la motivation et l’apprentissage.
On sait que le système de récompense est composé de neurones dopaminergiques situés dans le mésencéphale (région profonde du cerveau). Un dysfonctionnement de ce système a été associé à différentes pathologies, comme le Parkinson ou les troubles schizophréniques. Cependant, de nombreuses études chez l’animal prouvent que le système dopaminergique est sensible aux hormones stéroïdes gonadiques : estrogènes, progestérone. Par exemple, les rates s’autoadministrent de la cocaïne, drogue qui agit sur le système dopaminergique, en quantités plus importantes quand on leur donne des estrogènes. Les hormones stéroïdes gonadiques ont-elles une influence sur le système de récompense ?, se sont demandé Jean-Claude Dreher et coll. Pour savoir si ces stéroïdes modulent le système dopaminergique, les chercheurs ont mis au point une expérience utilisant l’IRM fonctionnelle.
Ils ont enregistré l’activité cérébrale de femmes mises face à des machines à sous (récompense) à deux moment différents du cycle menstruel. A chaque passage dans l’IMRf, les machines présentant des probabilités de gains différents leur sont présentées.
Lorsque les femmes anticipent des récompenses incertaines, elles activent des régions cérébrales du traitement des émotions : amygdale, cortex orbitofrontal. Les résultats démontrent une réactivité accrue du système de récompense féminin lors de la phase folliculaire (en gros, les 14 premiers jours du cycle), démontrée par une activation plus importante des sites émotionnels que lors de la phase lutéale (deuxième partie du cycle, après le pic de LH qui précède l’ovulation).
Lors de l’anticipation d’une récompense, les hommes activent essentiellement une région impliquée dans la motivation pour l’obtention de récompense, le striatum ventral. Tandis que chez les femmes c’est une région traitant les émotions, la région amygdalo-hippocampique, qui est la plus fortement activée.
Ces observations peuvent donc rendre compte de certaines différences entre les genres. D’autres exemples : la réponse des femmes à la cocaïne est plus importante dans la phase folliculaire ; la schizophrénie se déclare plus tardivement chez les femmes que chez les hommes.
Réceptivité et désir.
Ces observations peuvent aussi aider à comprendre des comportements dans un autre domaine, celui de la réceptivité et du désir, qualités qui président à la procréation et apparaissent lors de la phase ovulatoire.
«On peut envisager que l’augmentation d’activité de certaines régions du cerveau féminin pendant la phase folliculaire modulerait les comportements liés à l’obtention de récompenses, tels que le comportement d’approche lors de l’anticipation de récompense et le comportement hédonique au moment de sa réception.»
Enfin, ils permettent d’envisager le rôle des stéroïdes dans des perturbations du système de récompense tel qu’on le rencontre dans les addictions (drogues, jeux d’argent, nicotine…).
Dreher J-C et coll. (centre de neuroscience cognitive, Cnrs/université de Lyon-I, dirigé par Karen Berman). « Proc Natl Acad Sci USA », en ligne.
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