L'ACQUISITION cérébrale de nouvelles informations ne dépendrait pas de la capacité des neurones à faire de nouvelles connexions. Bien au contraire, elle serait sous-tendue par la capacité à en perdre... pour mieux se reconstruire par la suite. C'est la surprenante conclusion d'un travail mené par des chercheurs américains (Wen-Biao Gan et coll., New York) chez l'animal.
S'il est connu, chez l'humain, que l'enfant au cours de sa croissance acquiert quantité de notions, il est moins connu que jusqu'à la puberté les pertes de connexions sont substantielles. Un fait également retrouvé chez le rongeur et le singe.
Une fenêtre sur le crâne.
Pour mener à bien leur travail, les chercheurs ont utilisé une technique sophistiquée de microscopie biphotonique à fluorescence. Elle leur a permis de visualiser, grâce à une fenêtre pratiquée sur le crâne de rongeurs, l'évolution des dendrites.
Sur un lot de souris, pendant deux semaines, la moustache à été rasée d'un seul côté du museau. Puis l'évolution des dendrites a été comparée à celle d'un lot de souris témoins et donc moustachues. Chez les rongeurs jeunes, la perte de dendrites a été beaucoup plus élevée dans le groupe témoin. En revanche, en s'intéressant aux souris adultes, les chercheurs ont constaté l'absence de différence entre les deux groupes d'animaux. Mais si l'expérience est poursuivie pendant deux mois, une légère diminution du nombre de dendrites se fait jour dans le groupe témoin.
La période allant du début de l'adolescence à l'âge adulte semble être la plus sensible à la privation sensorielle. Mais l'équipe new-yorkaise note que, à cette période de la vie et toujours chez les rongeurs, les conséquence de l'absence de perte dendritique sont réversibles, dès lors que les moustaches peuvent repousser. En revanche, si l'on attend que les souris atteignent l'âge adulte pour laisser les moustaches repousser, la récupération n'est plus possible.
Wen-Biao Gan conclut de façon imagée que le cerveau représente un matériau brut qui est sculpté par la suite. « Les expériences au cours de l'enfance font long feu et ont peut-être un impact permanent sur le cours de la vie. »
« Nature », 14 juillet 2005.
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