Les optimistes s'en féliciteront : l'activité de leur cortex cingulaire antérieur rostral et de leur amygdale droite leur permet de se focaliser sur les événements positifs. Une équipe de scientifiques du département de psychologie de l'université de New York vient en effet de mettre en évidence le rôle majeur de ces deux structures cérébrales dans la neurobiologie de l'optimisme. Cette découverte pourrait permettre une meilleure compréhension des mécanismes neurobiologiques de la dépression, une maladie souvent associée à la survenue de pensées pessimistes.
L'équipe new-yorkaise a fondé son travail sur l'étude par IRM fonctionnelle du cerveau de volontaires à qui ils ont demandé de penser à diverses situations passées ou futures, réelles ou imaginaires, positives ou négatives (gagner un prix, vivre longtemps et en bonne santé, perdre son travail, vivre une rupture amoureuse…).
L'enregistrement de leur activité cérébrale a révélé que l'exercice met en jeu quatre régions : l'amygdale droite, le cortex cingulaire antérieur rostral (CCA-r), le cortex cingulaire postérieur et le cortex préfrontal médian dorsal.
Tendance à s'imaginer un futur positif.
Parmi ces quatre régions, les deux premières étaient davantage activées par les pensées relatives à des événements futurs jugés positifs par les volontaires que par des pensées relatives à des événements passés ou futurs, mais négatifs. L'optimisme pouvant se définir comme une tendance à s'imaginer un futur positif, Sharot et coll. en ont conclu que ces deux aires cérébrales étaient impliquées dans ce trait de caractère.
Les chercheurs ont complété l'étude en mesurant le niveau d'optimisme général des volontaires grâce à un questionnaire standardisé. La confrontation des données d'imagerie fonctionnelle avec les résultats de ce test a montré qu'il existe une forte corrélation entre le niveau d'activité du CCA-r lors d'une pensée relative à un événement futur positif et le niveau d'optimisme général. L'activité de l'amygdale et celle du CCA-r étant elles-mêmes corrélées, il existe donc une corrélation indirecte entre le niveau d'activité de l'amygdale et l'optimisme.
L'amygdale est connue pour permettre un modulation des fonctions cognitives telles que la mémoire autobiographique ou la prise de décision par les émotions. Les résultats de Sharot et coll. suggèrent qu'elle participerait, en outre, à la genèse de pensées positives relatives au futur. Le CCA-r est, quant à lui, impliqué dans les tâches nécessitant une réflexion sur soi-même et dans la régulation émotionnelle de la réponse à un événement. Sharot et coll. estiment que son activité pourrait biaiser notre perception des événements futurs, nous conduisant à nous focaliser sur les scénarios les plus positifs. Cette hypothèse est à mettre en relation avec le fait que cet aire corticale semble fonctionner de manière anomale chez les sujets dépressifs. Les chercheurs new-yorkais imaginent que cette dysfonction pourrait les conduire à favoriser la survenue de pensée pessimistes.
Sharot et coll. « Nature », édition en ligne avancée.
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