La guerre que se livrent Israël et les Palestiniens n'obéit plus à aucun calcul politique. Un attentat entraîne une action militaire qui, elle-même, déclenche de nouveaux attentats.
La faillite des deux principaux dirigeants est pourtant patente : Yasser Arafat a peut-être pratiqué le double jeu jusqu'à la fin de l'année dernière, mais aujourd'hui, il ne contrôle plus rien. Isolé à Ramallah par la volonté d'Ariel Sharon, il ne peut pas donner des ordres et encore moins les faire appliquer. Parmi les artificiers du terrorisme, il n'y a pas que le Hamas et le Djihad, il y a aussi des membres du Fatah, son propre mouvement.
De son côté, M. Sharon peut bien se livrer à la plus dure des répressions, il est incapable de garantir la sécurité des civils israéliens. En d'autres termes, jamais on n'a eu autant besoin d'une solution politique, jamais on n'en a été aussi éloigné : les Européens, embarrassés (et quelquefois indignés) par l'inefficacité de M. Arafat, sont moins prompts à exercer des pressions sur M. Sharon. Les Américains ont pris fait et cause pour les Israéliens, qui n'ont plus besoin de démontrer que, au point où on en est, les Palestiniens semblent plus décidés à s'armer pour détruire Israël (ou en tout cas à entraîner dans le conflit les régimes arabes les plus durs) qu'à libérer les territoires.
Mais le gouvernement israélien ne peut pas non plus régler la crise par la force. Les conséquences humaines, sociales, morales du conflit sont devenues intolérables. Les Palestiniens s'enfoncent dans un dénuement total, tandis qu'Israël est en proie à la récession et au chômage et que sa population vit dans une peur de tous les instants. L'intifada a réduit à néant le peu de confiance que les partisans de la paix, de plus en plus rares dans les deux camps, avaient maintenue.
C'est pourquoi la solution imposée, certes très difficile à appliquer, nous semble indispensable : les Américains et les Européens devraient l'envisager et y mettre le prix s'ils ne veulent pas que tout le Proche-Orient s'embrase. Il ne s'agit pas de savoir si M. Arafat doit rester ou non à son poste, pas plus qu'il ne s'agit d'approuver ou de condamner la politique de M. Sharon. Il faut seulement se demander à combien de victimes (1 300 depuis le début de l'intifada-bis) on jugera que la coupe est pleine. Et espérer qu'une armée internationale d'interposition peut arrêter le carnage, pour le bien de deux peuples qui souffrent et dont les dirigeants ont oublié l'option de la paix.
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