NOËL RENAUDIN, président du CEPS (Comité économique des produits de santé, qui dépend du ministère de la Santé, et qui est notamment chargé de la fixation des prix des médicaments admis au remboursement), était récemment invité par la Mission d'évaluation et de contrôle des lois de financement de la Sécurité sociale (MECSS) à plancher sur le thème de la prescription et de la consommation du médicament.
Pour Noël Renaudin, la France manque «cruellement d'une mécanique médico-économique d'orientation de la prescription», alors que d'autres pays comme l'Angleterre en sont dotés. Le patron du CEPS explique que la France dispose certes d'une information médicale, comme les fiches d'information destinées aux médecins ; qu'elle est également soumise à des orientations économiques, comme celles de la CNAM (Caisse nationale d'assurance-maladie) quand elle incite à prescrire dans le répertoire. Mais, selon Noël Renaudin, «il n'existe pas en France de système médico-économique pour dire comment utiliser toute cette information de façon rationnelle. La HAS (Haute Autorité de santé) aurait la légitimité pour le faire; elle est d'ailleurs la seule à pouvoir le faire».
En matière de consommation de médicaments, Noël Renaudin a fait part de sa préoccupation au sujet de l'arrivée sur le marché «de médicaments de niche horriblement chers». Selon lui, «à ces prix-là, quelqu'un devrait dire qu'il convient d'en réserver la prescription à quelques populations cibles». Noël Renaudin a pris l'exemple de l'érythropoïétine, utilisée notamment lors de certaines chimiothérapies pour pallier le déficit en globules rouges des patients traités : «On pourrait fixer un taux sanguin à partir duquel on pourrait déclarer légitime la prescription.»
Plus généralement, sur le thème du prix des médicaments, Noël Renaudin estime que, «aux Etats-Unis, l'inégalité d'accès aux médicaments innovants devient préoccupante. Le jour où ils voudront en élargir l'accès, ça ne pourra pas être à ce prix-là. En matière de prix des médicaments, de façon générale, on peut dire que les grands pays développés ont touché le plafond».
600 millions d'euros d'économies en trois ans
Devant la MECSS, Noël Renaudin a fait le décompte des économies réalisées par l'assurance-maladie grâce aux baisses de prix des médicaments négociées depuis trois ans entre le CEPS et les laboratoires pharmaceutiques. Celles-ci ont permis d'économiser 160 millions d'euros en 2005, 190 millions d'euros en 2006 et 250 millions d'euros en 2007, soit un total pour ces trois années de 600 millions d'euros.
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