« SI LES EFFETS des Ains inhibiteurs de la Cox-2 sur le tractus gastro-intestinal sont de mieux en mieux connus grâce aux études à moyen terme et aux nouvelles techniques de visualisation de l'intestin grêle (utilisation de capsules endoscopiques), leur rôle en cardiologie reste encore majoritairement ignoré », explique en préambule le Pr René-Marc Flipo (Lille). « L'étude Vigor (Bombardier et coll., "New England Journal of Medicine", 2003) a, la première, soulevé l'hypothèse d'un effet délétère d'un inhibiteur spécifique de la Cox-2, le rofecoxib, par rapport au naproxène, sur le pronostic cardiaque des patients atteints de polyarthrite rhumatoïde », analyse le Pr Gilles Montalescot (hôpital de la Pitié, Paris). Ce résultat peut s'expliquer : par l'effet cardioprotecteur spécifique du naproxène ; par l'absence de coprescription d'aspirine à dose cardioprotectrice chez ces patients à très haut risque cardiaque ; enfin, par les fortes doses d'inhibiteurs de la COX-2 utilisées (50 mg). Il semblerait que cet effet négatif ne soit présent qu'avec un seul type d'inhibiteur sélectif de la COX-2 et spécifiquement lorsque ce médicament est utilisé à forte dose. « Des travaux récents ont en effet montré qu'un autre inhibiteur de la COX-2, le célécoxib, pourrait être doté d'un effet favorable sur la fonction endothéliale. En outre, du fait de sa structure chimique particulière, il pourrait interférer avec les voies métaboliques de l'aldostérone, induisant un blocage de cette hormone », ajoute le Pr Gilbert Deray, néphrologue à l'hôpital de la Pitié, à Paris.
Pour le Pr Montalescot, « chez les patients à très haut risque cardio-vasculaire, il est tout à fait possible d'utiliser conjointement de l'aspirine et du célécoxib. En effet, à l'inverse de certains Ains classiques, cette molécule ne diminue pas les effets anti-agrégants de l'aspirine ».
« Chez ces patients, lorsque le risque de lésions gastro-intestinales est particulièrement élevé (antécédents d'ulcères gastriques ou duodénaux, par exemple) , la prescription conjointe d'un inhibiteur de la pompe à protons et d'un inhibiteur de la COX-2 permet de réduire nettement le risque d'hémorragie digestive haute », explique le Pr Stanislas Chaussade, gastro-entérologue à l'hôpital Cochin, à Paris.
Insuffisance cardiaque préexistante.
Une récente étude publiée en mai 2004 dans le « Lancet » aborde un autre aspect de l'effet des traitements anti-inflammatoire sur le devenir des patients à haut risque cardio-vasculaire. L'utilisation de ces médicaments en effet peut induire l'aggravation d'une insuffisance cardiaque préexistante. C'est l'une des raisons pour lesquelles les cardiologues sont réticents à l'utilisation de cette famille médicamenteuse chez leurs patients à haut risque cardiaque. L'étude de cohorte qui incluait près de 45 000 patients (18 908 sous célécoxib, 14 583 sous un autre coxib et 5 391 sous différents Ains) avait pour but d'évaluer l'effet des différentes prescriptions sur le risque d'insuffisance cardiaque chez des sujets âgés à haut risque cardio-vasculaire et chez qui le traitement Ains avait été prescrit récemment.
« Globalement, si le risque d'hospitalisation pour aggravation d'une insuffisance cardiaque chez les sujets sous célécoxib s'est révélée identique à celle des témoins, celle des patients traités par l'autre coxib ou par Ains a été majorée de 80% », concluent les auteurs.
Un symposium organisé par les Laboratoires Pfizer à l'occasion du congrès de l'Eular, Berlin.
Baisse de 18 % du prix le 9 juillet
Conformément aux accords passés en novembre 2000, lors de la commercialisation de Célébrex, le prix du médicament, remboursé à 65 % par la Sécurité sociale, sera abaissé de 18 % en juillet 2004. Depuis la mise sur le marché en novembre 2000, 3 millions de Français ont été traités par du célécoxib. L'âge moyen des patients traités était de 64 ans et, dans 85 % des cas, la prescription émanait d'un médecin généraliste. La durée moyenne du traitement était plus élevée que celle des Ains classiques (quarante-cinq jours, contre vingt jours) et le profil des malades s'est lui aussi modifié par rapport aux Ains classiques (65 % d'antécédents gastro-intestinaux, 34 % de facteurs de risque cardio-vasculaire et 42 % de pathologies associées lourdes).
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