REFERENCE
• Psychose chronique stabilisée
M. D. est un schizophrène âgé actuellement de 43 ans. Il présente une pathologie psychotique depuis plus de vingt ans et a déjà été hospitalisé à plusieurs reprises dans le service de psychiatrie dont il dépend, pour des recrudescences fécondes s'accompagnant de troubles du comportement (propos délirants et actes d'exhibitionnisme). Il est suivi régulièrement au centre médico-psychologique de son secteur au rythme d'une consultation mensuelle, à la suite de laquelle il lui est pratiqué, avec son consentement, une injection intramusculaire de 4 ampoules de Haldol Décanoas. L'intéressé n'a plus qu'un frère qu'il voit fort peu et aucun ami. Il perçoit une allocation aux adultes handicapés qui est gérée par un organisme tutélaire. Il reste sur son lit dans la journée, et ne sort que fort peu pour s'acheter à manger. Il n'a jamais pu travailler et a déjà été suivi à l'hôpital de jour, il y a longtemps déjà, pour tenter de réaliser une réinsertion professionnelle dans un centre d'aide par le travail (CAT). Mais le projet a finalement échoué. Actuellement, M. D. est bien stabilisé et il lui est proposé de fréquenter le CAT-TP à une fréquence qui reste à déterminer conjointement.
• Le CAT-TP : élément du trépied sectoriel de base
Le CAT-TP (centre d'accueil thérapeutique à temps partiel) constitue sans doute la troisième structure de base dont un secteur de psychiatrie d'adultes doit pouvoir disposer, avec le centre médico-psychologique et l'hôpital de jour (voir « le Quotidien », n° 6795 et n° 6805).
Depuis 1986, le CAT-TP est officiellement décrit par des textes. Ainsi pour l'arrêté du 14 mars 1986, il vise « à maintenir ou à favoriser une existence autonome par des actions de soutien et de thérapeutique de groupe » (1).
Le CAT-TP est une structure médico-sociale, intermédiaire entre le centre médico-psychologique et l'hôpital de jour (HJ). Dans ces trois structures, le suivi s'effectue sur le mode du volontariat, même si des influences peuvent s'exercer dans des limites raisonnables. Les activités que les patients y pratiquent sont voisines de celles qui sont mises en œuvre à l'hôpital de jour : activités manuelles, ludiques, intellectuelles, musicothérapie, art-thérapie, sociothérapie. De telle sorte que des confusions peuvent être faites quant à leur fonctionnement et à leurs indications respectifs.
Le CAT-TP partage encore d'autres points communs avec l'hôpital de jour, mais également d'importantes différences. Les variations étant souvent assez importantes en pratique, il ne sera décrit que les situations les plus communément observées.
• Des caractères communs à ceux de l'hôpital de jour
Le CAT-TP et l'HJ sont en principe (cela souffre de nombreuses exceptions) des structures légères situées en dehors de l'établissement hospitalier général ou psychiatrique. Tous deux ne sont ouverts qu'en semaine et uniquement dans la journée. De même, ils sont en principe fermés en période de vacances, au moins pendant une certaine période. Les patients peuvent aussi y être adressés par des médecins d'exercice libéral, généralistes ou psychiatres. L'entrée dans la structure s'effectue à la suite de formalités plus ou moins institutionnalisées [entretien(s), synthèse(s)].
Le CAT-TP et l'HJ accueillent en principe des patients souffrant de pathologies mentales chroniques et sévères (notamment psychoses et déficits intellectuels modérés), même si parfois, ou si en certains lieux, ce n'est pas nécessairement le cas. L'équipe médico-soignante est pluridisciplinaire et se compose au mieux d'un psychiatre, d'un(e) psychologue, d'une assistante sociale et d'infirmières. Mais le plus souvent, seules ces dernières sont attachées à temps complet à la structure.
• Des particularités différentes de celles de l'hôpital de jour
Le CAT-TP ne vise pas la réalisation d'un projet thérapeutique (en fonction de l'âge : reprise d'études ou d'un travail, stage professionnel, départ du domicile parental, etc.). Il cherche à maintenir un équilibre satisfaisant, à consolider des acquis relationnels et sociaux et, éventuellement, à les développer. Il cherche aussi à espacer les hospitalisations et, si elles surviennent, à raccourcir leur durée dans la mesure où le patient retrouve une structure bien investie dès sa sortie.
Le CAT-TP n'a pas un nombre de places fixé par l'autorité administrative et n'est pas non plus soumis au financement par prix de journée. Mais, naturellement, le nombre des soignants, la dimension des locaux et la charge de travail engendrent leurs propres limites. Les médicaments n'y sont pas distribués (dans certains HJ non plus d'ailleurs). Sa fréquentation n'est pas non plus subordonnée à la détermination préalable d'un projet thérapeutique. La prise en charge n'est pas bornée dans le temps et se limite souvent à la venue de une à trois demi-journées par semaine ; elle peut également être irrégulière. Il n'y a pas de dossier médical, même si des notes peuvent être prises.
Les prescriptions médicamenteuses éventuelles et les psychothérapies individuelles ou de groupe doivent s'effectuer dans une autre structure, centre médico-psychologique ou cabinet d'un praticien d'exercice libéral.
Le CAT-TP est indispensable à la gestion moderne de la folie dans la communauté. Et bien que gérant des files actives de patients présentant des pathologies au long cours, il permet de plus en plus leur acceptation dans le social en mettant en œuvre ce droit à la différence.
(1) Arrêté du 14 mars 1986 relatif aux équipements et aux services de lutte contre les maladies mentales, comportant ou non des possibilités d'hébergement.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature