LORS DE l'inauguration de la faculté de médecine de Paris VI Pierre-et-Marie-Curie, Xavier Bertrand et François Goulard ont réaffirmé leur volonté de mener à bien une profonde réforme des études médicales et paramédicales (« le Quotidien » du 16 novembre).
Le ministre de la Santé et le ministre délégué à l'Enseignement supérieur et à la Recherche ont l'intention d'adapter le cursus médical au LMD (licence-master-doctorat) et d'ouvrir des perspectives de formation complémentaire à de nombreuses professions de santé (infirmiers, orthoptistes, kinésithérapeutes...) à qui seraient déléguées des tâches réservées pour l'heure aux seuls médecins. Un colloque doit être organisé au début de l'année prochaine pour évoquer, avec les acteurs concernés, les conditions de cette harmonisation européenne dans le cadre du LMD. Ce système impose que les diplômes sanctionnent la formation en licence (bac + 3), en master (bac + 5) et en doctorat (bac + 8). Entré en application dans les facultés françaises depuis la rentrée 2005, le LMD est très difficile à appliquer aux études médicales dont la formation de base - premier et deuxième cycle - dure... six ans. Une directive européenne sur la qualification professionnelle, parue le 30 septembre au « Journal officiel » européen, réaffirme que la durée de la formation de base d'un médecin est bien de six ans pour l'ensemble des vingt-cinq pays de l'Union européenne. « Ce texte pose un problème d'ordre juridique », confie Laurent Carteron, vice-président de l'Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf), chargée du dossier des études médicales. « Nous ne pouvons pas sortir de la règle européenne, confirme le Pr Bernard Charpentier, président de la Conférence des doyens. Nous sommes conscients de ce problème, mais il ne peut être résolu d'un coup de baguette magique. Si le LMD était aussi facilement adaptable aux études médicales, toutes les facultés de médecine d'Europe seraient déjà au LMD. Or aucune ne l'est. »
Gâchis humain.
Dans le cadre de cette réforme de la formation initiale, les deux ministres ont affirmé leur intention de revoir la première année de médecine. « Cette première année est un terrible gaspillage humain. Pendant toute leur vie, 80 % des étudiants vont vivre marqués par l'échec. Ce constat nous impose de réagir », soulignait François Goulard, lors de l'inauguration de la faculté Pierre-et-Marie-Curie. « Nous souhaitons décloisonner l'enseignement médical en mettant en place des passerelles entre cette première année et les professions paramédicales », a ajouté Xavier Bertrand. Plusieurs pistes de réforme du Pcem1 sont à l'étude. L'une consisterait à effectuer des sélections plus précoces, après un semestre, afin de ne pas faire perdre une année universitaire complète aux étudiants.
Mais, pour l'Anemf, il ne faut pas se précipiter. « Réformer la première année des études de médecine est nécessaire ; mais il est primordial de conserver le statut universitaire des études de médecine, et surtout de conserver le libre accès de tous les bacheliers, gage d'intégration et d'ascenseur social. Il faudra bien réfléchir aux avantages et aux inconvénients de déplacer le concours à la fin du premier semestre. » Sur la possibilité de raccourcir le cursus médical d'une année, les étudiants préviennent que cette modification ne devra jamais se faire « au détriment de la formation théorique et pratique ». Sylvain Iceta, président de l'Anemf, salue en revanche la proposition de créer un diplôme à l'issue du deuxième cycle des études de médecine permettant aux étudiants de se tourner vers d'autres professions. « Aujourd'hui, quand on commence un cursus médical, on ne peut plus en sortir : certains étudiants arrivent jusqu'en 4e ou 5e année et ne veulent plus être médecin, mais ils ne peuvent rien faire d'autre et ils retombent à bac plus 0 », explique-t-il.
L'Anemf devait débattre, pendant le week-end, à Strasbourg, des points fondamentaux de cette réforme lors d'une assemblée générale extraordinaire.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature