Le temps de la médecine : Masculin-féminin
En janvier 2003, une étude rétrospective sur les données de l'essai HERS (Heart and Estrogen/Progestin Replacement Study) montrait que les femmes souffrant d'infarctus du myocarde sont sous-traitées de façon nette par rapport aux hommes qui souffrent de la même pathologie.
Pour expliquer cette différence dans le traitement, les auteurs avançaient onze facteurs de risque plus fréquemment retrouvés chez les femmes que chez les hommes : l'appartenance à des minorités ethniques, le manque d'exercice physique, l'existence d'un diabète, des antécédents d'angine de poitrine, d'insuffisance cardiaque congestive, d'autres pathologies coronariennes, une hypertension artérielle, un taux de cholestérol LDL élevé, un taux de HDL cholestérol bas, une élévation de la lipoprotéine (a) et une insuffisance rénale.
Pour le Dr Frédéric Lapostolle, anesthésiste-réanimateur au SAMU 93, « l'ensemble de ces données peut s'expliquer par la différence d'âge au moment de l'épisode coronarien aigu. Chez les hommes, il survient en moyenne à 50 ans, alors que les femmes sont atteintes entre 70 et 75 ans, âge auquel on retrouve une incidence majorée des comorbidités. Dans ce contexte, l'expression clinique peut se révéler différentes entre les deux sexes : si, chez l'homme, on parle classiquement d'un "coup de poignard dans un ciel serein", chez les femmes, l'infarctus s'inscrit dans un tableau clinique plus complexe » C'est cette notion qui peut expliquer les différences de recours aux services d'aide médicale selon les sexes : les hommes y font généralement appel rapidement (délai moyen inférieur à deux heures après l'apparition de la symptomatologie), alors que les femmes se tournent le plus souvent en première intention vers leur médecin généraliste ou leur cardiologue. « L'allongement des délais et l'âge plus élevé des patientes induisent un moindre recours aux techniques de reperfusion en urgence (fibrinolyse ou angioplastie). »
Pourtant, l'étude TACTICS-TIMI-18 présentée en décembre 2002 montre que les deux sexes bénéficient de façon similaire d'une prise en charge rapide des accidents coronariens aigus. « Les tergiversations liées à la prise en compte de la balance bénéfice/risque doivent donc être réduites afin de faire bénéficier tous les patients du meilleur traitement possible », conclut le Dr Lapostolle.
« JAMA », 25 décembre 2002 ; « Annals of Internal Medicine », 21 janvier 2003.
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