Le tribunal de grande instance de Saumur (Maine-et-Loire) a examiné vendredi en référé le cas du Dr Raymond Martinot, mort le 22 février, qui a fait congeler son corps dans son château au côté de celui de sa compagne, morte en 1984. Une situation ne correspondant à aucune interdiction inscrite dans la loi française, qui prévoit l'inhumation ou la crémation des personnes défuntes dans un délai de six jours après le décès.
Le Dr Martinot avait voulu cette double congélation afin de bénéficier des éventuels progrès de la science pour que lui et sa femme puissent être un jour réanimés. Le médecin biologiste ne cachait pas ses croyances. Il espérait que son corps et celui de sa compagne pourraient être réanimés dans plusieurs dizaines d'années. Il avait même organisé des visites publiques de la crypte, affirmant qu'il n'était « pas fou ».
Le fils du couple a été assigné en référé par le préfet du département qui souhaite que Raymond Martinot et son épouse, Monique, soient inhumés comme les communs des mortels. Rémy Martinot a dit au tribunal son inquiétude de voir ces derniers vux respectés : « Je me demande si mes parents vont pouvoir rester là où ils sont. S'ils devaient être mis en terre, ce serait l'absolue négation du projet de mon père, le projet de sa vie sur lequel il a travaillé pendant trente ans. »
« Si on part sur des idées aussi saugrenues, on va un jour se retrouver avec des frigos dans n'importe quel immeuble », a estimé, pour sa part, Me Christian Prioux, qui défend la préfecture du Maine-et-Loire. « Ce mode de sépulture ne porte atteinte ni à l'ordre public, ni à l'hygiène publique, ni au respect dû aux morts, ni à la décence, ni à la réserve qui doit s'attacher à la sépulture des défunts », a répondu Me Alain Fouquet, avocat de Rémy Martinot.
Dans une affaire similaire, en mai 2000, la cour administrative de Bordeaux avait estimé que « la conservation du corps d'une personne décédée par un procédé de congélation ne constitue pas un mode d'inhumation prévu par les textes en vigueur ». La cour était saisie par deux Réunionnais qui voulaient conserver à domicile le corps de leur mère. Elle avait débouté les plaignants, qui avaient alors saisi le Conseil d'Etat.
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