ON L’APPELLE « le peintre des pauvres » ou encore « le peintre de la pitié ». Fernand Pelez, injustement tombé dans l’oubli, mit son art au service des humbles, de l’injustice, de la misère humaine. Après des débuts dans l’atelier d’Alexandre Cabanel, aux Beaux-Arts de Paris, et après avoir peint quelques uvres au style très pompier et académique (voir le « Jésus insulté par les soldats »), ce fils d’artiste illustrateur se concentre sur la vie quotidienne montmartroise des années 1880, en plein dans le contexte de l’urbanisation du Paris à la fin du XIX e.
Dans un style très naturaliste, très réaliste, l’artiste représente des figures féminines inspirées de faits divers, de romans de murs de son temps ou tout simplement de l’observation attentive de son environnement. Ces types humains sont poignants de détresse, comme la « Blanchisseuse endormie », la « Victime - L’Asphyxiée » (1886) ou encore « Sans asile » (1883), une mère sur le visage de laquelle se lit tout le drame de la condition humaine. Suivront les périodes consacrées aux enfants des rues miséreux (bouleversants « Un martyr - Le marchand de violettes » et « Petit marchand de citrons »), puis aux compositions monumentales, avec la grande toile des « Saltimbanques », cour des miracles où l’on croise des musiciens épuisés, un clown accablé, des danseuses en loques…
Vers1904, Pelez réalise « la Bouchée de pain », une suite de dix tableaux représentant des mendiants, courbés, décharnés, portant le poids du monde sur leurs épaules. Les couleurs sont sourdes, camaïeux de bruns, ocres et jaunes pailles que l’artiste utilise également dans sa série sur les coulisses de l’Opéra Garnier, où règne une atmosphère confinée. Peu à peu, la palette de Pelez s’assombrit, les toiles se font plus sobres, dépouillées, comme pour dire qu’il n’y a pas d’espoir.
Pourtant, sur ces visages de marginaux, de rejetés qui « soulèvent le cur » – comme on disait à l’époque dans les quelques salons où exposa Pelez – se lisent aussi la grandeur humaine, la profondeur et l’immense empathie avec laquelle le peintre regardait ses sujets, semblant avoir fait sienne la phrase que Malraux écrivait quelques années plus tard, en 1933 dans « la Condition humaine » : « Ce que l’esprit voit, le cur le ressent ».
Petit Palais, tél. 01.53.43.40.00, www.petitpalais.paris.fr. Tlj sauf lundi, de 10 à 18 heures (jeudi jusqu’à 20h). Jusqu’au 17 janvier. Catalogue, éd. Paris Musées/Petit Palais, 191 pages, 37 euros.
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