L'EXPOSITION s'ouvre sur « la Toilette », oeuvre de Pascin de 1911, représentant une jeune femme dévêtue, de dos, et qui évoque irrésistiblement les nus de Toulouse-Lautrec, de Bonnard ou de Matisse. Dès ses premières années de peintre, Pascin peuple ses toiles de femmes, amateur insatiable de créatures alanguies, de chairs laiteuses, de visages gracieux.
Dans un premier temps, Pascin collabore à des revues satiriques allemandes, parmi lesquelles la célèbre « Simplicissimus ». Il livre alors des visions acerbes et corrosives de la société de 1900, sous un trait aiguisé, vigoureux et satirique qu'il n'abandonnera jamais (voir dans l'exposition « Au bar du bal Tabarin »). De nombreux dessins de l'artiste sont réunis ici, caricatures caustiques croquant la « Comédie humaine », aquarelles délicates et vivantes de Harlem, de Tunisie ou de La Havane (le peintre voyagea aux Etats-Unis, en Afrique du Nord et à Cuba), ou encore saynètes érotiques, souvent facétieuses et même sulfureuses. Les toiles de Pascin sont pleines de sensualité et de sexualité. La femme y triomphe : « Julie la Martiniquaise », Hermine, la femme aimée, très fréquemment représentée dans ses activités quotidiennes, Lucy, la maîtresse, une expressive « Chercheuse de poux », la tendre petite Jeannine, une ravissante « Jeune Liseuse en bleu », Mireille, Germaine, Marthe, Eliane, Mija, Fifi, une jeune fille au turban, une « Maternité », des créoles, des soeurs, des dormeuses, des causeuses, une « Vénus de dos »… Pascin ne se lasse pas de peindre des femmes de tous les âges, dans tous leurs états, de toutes les manières possibles. Elles sont tantôt chastes et innocentes, tantôt provocantes et lascives, exhibant leurs formes. Un trait rapide marque leurs contours et les déforme volontiers.
A partir de 1921, le peintre adopte un style extrêmement personnel que l'on appela sa « période nacrée ». La palette devient plus « humide », la touche est fluide et aqueuse, la matière est transparente, délavée, immatérielle. Pascin ne se départira plus de ce style jusqu'à sa mort en 1930.
L'originalité de Pascin est grande. Le peintre s'est nourri d'une multitude d'influences, qu'il a transcendées. S'il fut en marge du cubisme, du fauvisme et du futurisme, il n'en influença pas moins ces mouvements, grâce à ses audaces, ses expériences, la liberté et le formidable génie créatif dont il fit preuve. Il fut à la fois proche de l'Ecole de Paris, de la mouvance expressionniste de l'Europe centrale, des avant-gardes parisiennes, du fauvisme de Matisse. Ses oeuvres satiriques et carnavalesques empruntent à Ensor ; ses caricatures et ses trognes, à Goya et Daumier ; ses dessins de nus ne sont pas sans rappeler ceux de Klimt ou de Schiele.
De toutes ces références est née une oeuvre personnelle et moderne, à la fois rêveuse et agitée, tendre et désespérée, légère et lumineuse.
Fondation Dina Vierny-musée Maillol. 59-61, rue de Grenelle, Paris 7e. Tél. 01.42.22.59.58. Tlj, sauf mardi, de 11 h à 18 h. Entrée : 8 euros (TR : 6 euros). Jusqu'au 4 juin. Catalogue, coédition Gallimard-musée Maillol, 240 p., 35 euros.
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