Quelle est la situation professionnelle des salariés deux ans après le diagnostic ? Selon l’enquête Vican II (Inca/Inserm, juin 2014), les salariés les plus impactés sont les personnes les moins qualifiées, les plus jeunes et les plus âgées, ainsi que celles qui travaillent dans les PME ou qui ont un contrat précaire. La plupart des patients ont vu leurs revenus diminuer. Et moins le cancer est sévère, plus faible est le risque de perte de revenu. La maladie du patient a aussi une répercussion sur les proches. Enfin, 11 % des personnes malades ont été l’objet de rejet ou de discrimination au sein de leur travail. « Nous ne savons pas prendre le même soin des personnes faibles et défavorisées que les autres », argumente Jean-Jacques Zambrowski, économiste de la santé.
Dans ce cadre, le débat s’instaure autour de la reprise du travail. Mi-temps thérapeutique, tiers de temps, travail une journée par semaine… plusieurs possibilités s’offrent au patient qui doit garder seul la décision, selon Dominique Thirry, juriste chez Juris Santé. Pour Florence Renon (ministère du Travail), la politique des pouvoirs publics va vers un maintien dans l’emploi, avec une adaptation en fonction du patient (télétravail, reprise progressive, aménagement de poste…).
Le cancer au quotidien
Comment la personne malade vit son cancer, et quel regard la société porte sur elle ? Michèle Delaunay relève trois critères déterminants : la poursuite ou non d’un traitement avec la fatigue ou non, la façon dont la personne « fait avec » la maladie et l’apparence physique qui stigmatise souvent les femmes qui perdent leurs cheveux et doivent porter une perruque. Les situations sont complexes et il faut s’adapter à la situation personnelle de chaque patient. « On n’est pas que des patients, explique Héléna Gasca de Armas, nous sommes des hommes et des femmes. La maladie n’est qu’une facette de ce qu’on est. » Selon une spectatrice, coach à l’IGR, « les trajectoires sont très différentes d’un patient à l’autre. Et certains malades peuvent être vraiment désorientés ».
Avant de traiter, la prévention permettrait d’éviter 40 % des cancers, selon Michèle Delaunay. « Les entreprises doivent se donner les moyens de dépistage auprès de leurs collaborateurs », abonde Laurence Séguillon, Roche Pharma France. La vie après le cancer peut redevenir la même que celle d’une personne qui ne l’a jamais eu, selon une étude Inserm sur l’espérance de vie après le cancer, et cela au bout de quatre ans pour une personne atteinte d’un cancer du sein. Et surtout le salarié qui reprend son travail après une telle épreuve, revient avec des qualités supplémentaires.
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