DEUXIÈME CAUSE de décès par cancer après le cancer du sein chez les femmes âgées de 15 à 44 ans, le cancer du col de l'utérus provoque environ 1 000 décès par an en France. Et environ 3 400 cancers invasifs du col sont diagnostiqués chaque année. Deux types de papillomavirus, 16 et 18, sont responsables à eux seuls de 84 % de ces cancers en France (70 % en moyenne dans le monde), mais ces virus entraînent également 70 % des lésions précancéreuses (CIN de haut grade) et de 35 à 50 % des lésions de bas grade du col de l'utérus. «L'infection aux HPV humains est très courante. Environ 75% des personnes sexuellement actives y sont exposées, le plus souvent à l'adolescence et au début de la vie adulte. Le virus est le plus souvent asymptomatique et s'élimine spontanément. Cependant, dans un certain nombre de cas, il persiste et peut induire le développement de lésions du col de l'utérus, de la vulve ou du vagin, susceptibles d'évoluer vers un cancer», explique le Pr Christian Quéreux.
A ce titre, le nouveau vaccin anti-HPV (Gardasil) est une avancée importante pour la prévention du cancer du col de l'utérus. Ce vaccin quadrivalent recombinant préparé à partir de pseudo-particules virales hautement purifiées des quatre types de papillomavirus est non infectieux. Son développement a confirmé son aptitude à prévenir des dysplasies de haut grade du col de l'utérus (CIN 2/3), des cancers du col de l'utérus et des dysplasies de haut grade de la vulve (VIN 2/3) dus aux HPV 16 ou 18, mais aussi les verrues génitales externes (condylomes acuminés) liés dans près de 90 % des cas aux types 6 et 11 contre lesquels le vaccin est aussi dirigé.
«L'efficacité du vaccin a été évaluée sur plus de 20000femmes âgées de 16 à 26ans au moment de l'inclusion. Ces femmes étaient naïves de toute primo-infection au HPV et ont suivi scrupuleusement le protocole de vaccination. Dans ce cadre, Gardasil a montré une efficacité de 100% dans la prévention des lésions précancéreuses du col de l'utérus associées aux papillomavirus humains de types 16 et 18 et de 100% des lésions précancéreuses de haut grade de la vulve associées aux papillomavirus 16 et18», précise Christian Quéreux. Une étude américaine a déjà permis d'évaluer le bénéfice d'une vaccination de masse en termes de santé publique. Les résultats attendus en France devraient être proches de ceux trouvés à l'étranger. Une couverture de 70 % des jeunes filles de 12 ans permettrait de réduire de 78 % l'incidence des cancers du col de l'utérus associés aux papillomavirus humains de types 16 et 18. En outre, le bénéfice attendu intègre la prévention d'autres maladies également liées aux papillomavirus 6, 11, 16 et 18. Gardasil pourrait notamment réduire de 78 % l'apparition de lésions précancéreuses du col et de 83 % l'incidence des verrues génitales. «Mais ce bénéfice important ne se confirmera que si les médecins parviennent à faire respecter à tout prix le schéma vaccinal par leur patiente», précise Christian Quéreux.
Gardasil est administré par voie intramusculaire, selon un schéma en trois doses à 0, 2 et 6 mois. Actuellement, aucun rappel ultérieur n'est recommandé, mais le suivi des premières patientes vaccinées remonte à cinq ans seulement. A ce terme, l'efficacité du vaccin est toujours très bonne. «Le suivi d'une cohorte de femmes sera prolongé plusieurs dizaines d'années afin de détecter une perte potentielle d'efficacité et d'envisager si nécessaire l'intérêt d'un rappel au bout de quelques années», explique le Dr Yann Leocmach, responsable des affaires médicales France du Laboratoire Sanofi Pasteur MSD.
Plusieurs pays ont déjà inscrit cette vaccination dans leur calendrier vaccinal pour les jeunes filles de 11-12 ans qui n'ont, apriori, encore jamais été exposées au virus à cet âge. Mais le vaccin peut également être recommandé en rattrapage pour les femmes plus âgées, même si le bénéfice attendu est plus incertain. «Dans tous les cas, le vaccin ne doit pas être substitué au frottis qui conserve une place fondamentale pour dépister des lésions cancéreuses. Le vaccin ne protégera pas contre les lésions liées à d'autres types de virus que le 16 et le18 même s'il est possible qu'il ait quelques mécanismes de protection croisée. Les deux stratégies médicales se complètent donc pour contribuer à lutter contre les cancers du col de l'utérus», conclut Christian Quéreux.
Session de gynécologie du jeudi 15 mars à 15 heures, présidée par le Pr Christian Quéreux (CHU Reims) et parrainée par les Laboratoires sanofi Pasteur MSD.
Pour s'inscrire : www.lemedec.com ou secretariat@lemedec.com.
Renseignements : 02.38.90.80.06.
Qui vacciner contre HPV 6, 11, 16 et 18 ?
Trois semaines à peine après l'autorisation de mise sur le marché, les autorités de santé américaines ont recommandé la vaccination de routine des fillettes de 11-12 ans et la vaccination de rattrapage des adolescentes et des jeunes femmes de 13 à 26 ans qui n'auraient pas encore été vaccinées. Les fillettes de 9-10 ans peuvent être vaccinées si le médecin le juge opportun. En Europe, l'Autriche est le premier pays à avoir inscrit cette vaccination à son calendrier vaccinal national. Depuis le 1er janvier, la vaccination y est recommandée pour toutes les filles et les garçons âgés de 9 à 15 ans, ainsi que pour les jeunes femmes, de préférence au début de leur activité sexuelle. Depuis peu, la Grèce et l'Italie ont également émis leurs recommandations en faveur d'une vaccination remboursée vers l'âge de 12 ans.
En France, les autorités de santé avaient annoncé la publication de leurs recommandations fin 2006 et leur décision de rembourser Gardasil au premier semestre 2007. La communauté médicale attend encore les deux décisions. «Cependant, au vu de l'épidémiologie des infections aux HPV et de la bonne immunogénécité des adolescentes, la vaccination des fillettes de 12ans semble apporter le meilleur bénéfice en termes de santé publique», prévoit le Pr Christian Quéreux. En outre, Xavier Bertrand a annoncé, sans en préciser les conditions, le remboursement de ce vaccin d'ici à juin 2007.
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