Une approche pluridisciplinaire
DES PROGRES significatifs en cancérologie ont été réalisés dans le domaine de la recherche fondamentale et clinique. Ces progrès ont rendu possibles des avancées thérapeutiques grâce auxquelles la durée d'évolution de certains cancers peut se prolonger sur plusieurs années. Les tumeurs malignes pour lesquelles ces durées évolutives sont observées peuvent ainsi être considérées comme des maladies chroniques et répondre aux critères qui permettent de parler de période palliative, au sens ou G. Laval et M.-L. Villard l'ont précisé en 2002 (G. Laval, M.-L. Villard. Soins palliatifs pluridisciplinaires chez un malade en fin de vie. Accompagnement d'un mourant et de son entourage. Revue du Praticien 2002 ; 52 : 2279-85). Ce concept est celui de la maladie de longue durée.
Trois phases, une pathologie chronique.
L'évolution du cancer comporte ainsi trois phases. La période initiale des soins, dite curative, correspond à celle ou les thérapeutiques spécifiques dispensées ont pour objectif principal de ralentir l'évolution de la maladie. La période palliative, qui est celle pendant laquelle la tumeur évolue localement ou à distance, est composée de deux périodes successives. La période palliative initiale, qui peut durer des mois ou des années, est celle pendant laquelle persiste un espoir de guérison. Les thérapeutiques spécifiques sont peu à peu remplacées par des traitements non spécifiques jusqu'à la phase dite terminale, ou d'accompagnement, qui est celle des traitements non spécifiques.
Dans tous les cas, des soins de support, expression reprise de l'anglais supportive care, s'appliquent à l'ensemble des traitements symptomatiques permettant d'améliorer les symptômes liés à la maladie ou aux traitements reçus par le patient. Elle s'applique ainsi à tous les malades quel que soit leur pronostic à court ou moyen terme, et doit donc être distinguée des soins palliatifs, associés à la notion de fin de vie. Elle ne s'oppose en rien à la démarche curative et ne constitue donc pas un choix exclusif. Le traitement du cancer ne doit ainsi pas être opposé à la notion de qualité de vie.
Une nouvelle approche des soins palliatifs.
Les soins palliatifs spécifiques, associés aux soins de support, constituent une nouvelle approche.
Selon la Société française d'accompagnement et de soins palliatifs (Sfap) dont le site Internet est disponible à l'adresse www.sfap.org, les soins palliatifs sont des soins actifs dans une approche globale d'une personne atteinte d'une maladie grave évolutive ou terminale. Leur objectif est de soulager les douleurs physiques ainsi que les autres symptômes et de prendre en compte la souffrance du patient. Cette approche commence lors de l'apparition des premières métastases ou d'un diagnostic d'évolution locale, incurable.
Tout au long du parcours de santé du patient, l'évaluation de la douleur doit être constante. Il est en particulier important d'identifier les mécanismes douloureux, nociceptifs, neuropathiques, mixtes ou cognitivo-comportementaux. Cette approche permet l'adaptation de traitements et de stratégies spécifiques, comme, par exemple, celle que préconise l'Organisation mondiale de la santé dans les paliers de prise en charge de la douleur nociceptive.
Le patient doit être au centre des préoccupations de l'équipe thérapeutique. Ce d'autant que les soins et l'accompagnement des personnes à domicile répondent à un souhait exprimé par la population. Les professionnels de santé et les pouvoirs publics se sont fait l'écho de cette aspiration : une loi visant à garantir l'accès aux soins palliatifs a été votée par le Parlement.
Jouer la même partition.
L'ensemble des structures de prise en charge, qu'elles soient médicales, paramédicales, associatives, socioprofessionnelles et, bien évidemment, familiales, doit « jouer la même partition », celle d'une thérapeutique concertée. L'objectif de l'ensemble des soignants est de constituer une armée en ordre de marche afin de transformer le projet de soin en un projet de vie. Ce projet suppose une approche pluridisciplinaire en assurant l'autonomie et la qualité de vie du patient.
Ainsi, la phase palliative, dans le cadre de la cancérologie, doit être perçue comme permettant la prise en charge d'une maladie au long cours. L'évaluation de la douleur, de la fatigue et de la qualité de vie sont en particulier les facteurs d'observance du processus de soin. Le patient, l'entourage familial, les acteurs du système de santé et les partenaires socioprofessionnels doivent s'associer afin que cette prise en charge reste un projet de vie.
A partir des modalités d'exercice de chaque réseau actuellement constitué, un document de référence sur les « bonnes pratiques de soins » et les « bonnes pratiques
organisationnelles et économiques » des réseaux de soins palliatifs devraient permettre de définir progressivement les contours du bon usage des soins dans le domaine du maintien à domicile des personnes nécessitant des soins palliatifs.
D'après un entretien avec le Dr. Marc Sorel, responsable de l'unité de traitement de la douleur du centre hospitalier de Nemours.
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